6P Designs.Adapted by Rozam

   
 
  8. Nid de vipères
 





Chapitre VIII                          Nid de vipères
 

Devenu propriété de la famille d’Orléans en 1692, le Palais-Royal construit à l’origine sur la demande de Richelieu s’était vu rapidement transformé sous l’influence des ducs en un centre où convergeaient tous les vices imaginables : affairisme, prostitution, soupers libertins, toute la crapulerie humaine semblait s’y épanouir telle une vénéneuse et terrible fleur de l’ombre.


Régnant sur ce monde de stupre tel un roi sans couronne, l’actuel Duc d’Orléans avait l’habileté redoutable des lâches : jamais son nom n’apparaissait, et pourtant il était derrière la plupart des immondices éclaboussant la famille royale, comme le ferait la boue du ruisseau collant à la semelle du miséreux.
Ragots, pamphlets, fausses rumeurs, rien n’était assez ignoble pour servir ses intérêts.
Grâce à sa fortune, il avait réussi à créer un Etat dans l’Etat et faire de ce Palais une verrue gangrenant lentement le régime en place, soudoyant coupe-jarrets et émeutiers désignés pour attiser la grogne du peuple, jour après jour.
Jamais inquiété pour ses crimes, Philippe d’Orléans pavanait donc avec la parfaite tranquillité d’esprit d’un homme sachant cacher sa noirceur sous des habits de soie, sa roublardise sous des sourires aimables, sa veulerie sous de retentissantes fanfaronnades.
 
Comme le constatèrent Oscar et le Comte de Fersen, dès ses abords le Palais-Royal n’était que le reflet de son Seigneur : feinte bonhomie, innocentes animations de la foule se pressant vers les échoppes construites tout autour des jardins, parfaite gaîté et moralité de bon goût.
Mais à mieux y regarder, les deux compagnons distinguèrent très vite nombre de fripouilles déambulant parmi les badauds, des hommes de main mêlés à la foule, des petites frappes et filles de joie venus là chercher quelques utilités à leur désoeuvrement malsain.
Contemplant ce ballet hypocrite, Oscar ne put que répéter sombrement sa mise en garde à celui qui se tenait à ses côtés.
 
_ « Fersen, vous êtes complètement fou. Venir ici frise déjà l’inconscience, surtout moi qui suis une véritable provocation habillé comme je le suis de l’uniforme de la Garde Royale. Alors si jamais nous entrons pour tenter de voir le Duc, nous sommes morts ! »
_ « Jarjayes, Jarjayes… » soupira le Comte, « votre manque d’optimisme me désespère. Votre houppelande ne masque t-elle pas presque entièrement vos insignes militaires ? Aussi vos inquiétudes sont tout à fait hors de saison. A moins que…hésiteriez-vous à mettre en application  vos beaux principes? Je crois me souvenir que vous ventiez la ténacité des militaires français, ce matin. Ne serait-ce donc qu’une légende… »
La jeune fille remonta ses yeux exaspérés vers le fier et aristocratique profil.
_ « Fersen, pensez à me rappeler une chose lorsque cette enquête sera terminée.
_ « Mmm oui, laquelle ? »
_ « Vous tuer. »
 
Débusquer le monstre de sa tanière ne fut pas bien difficile. Suivant le flot ininterrompu de personnes qui se pressaient le long de la galerie des Proues, les deux jeunes gens arrivèrent tout naturellement vers le corps même du bâtiment, suivirent quelques aristocrates outrageusement perruqués et poudrés. Au bout d’interminables couloirs richement décorés, plusieurs salons.
 Dans certains de forts jeunes messieurs se tenant par la taille de manière équivoque, dans d’autres des femmes, accueillant les nouveaux arrivants d’œillades on ne peut plus suggestives. Car tout comme à l’extérieur l’animation y était extraordinaire, en ces lieux semblant dédiés uniquement aux plaisirs terrestres. Les rires, l’éclat moite des désirs, l’ivresse, tout s’entrechoquait pour ne former qu’une seule et même clameur obscène, dérisoire, formidable et monstrueuse.
Essayant de maîtriser une gêne grandissante, Oscar se tourna brièvement vers le Comte.
 
_ « Et maintenant ? C’est la troisième pièce que nous inspectons et toujours rien! » lâcha t-elle, les joues en feu. « A part nous faire trucider par cette bande de débauchés, c’est bien là tout ce que nous allons obtenir ! Regardez, ils ne nous quittent pas des yeux. »
Parfaitement maître de lui, Fersen continua de laisser le gris de ses yeux parcourir l’assemblée avec une élégante désinvolture.
_ « Mon cher Jarjayes, ce n’est pas nous que ces gens regardent mais vous, uniquement vous. Et je puis vous assurer qu’ils n’ont certes aucune envie de vous trucider… »
_ « Quoi ? » protesta ingénument Oscar. « Et que veulent t-ils, alors ? »
_ « Vous faire l’amour. Venez Jarjayes, vous avez raison : ce n’est certainement pas dans ces bordels que nous allons trouver ce que nous cherchons. »
 
Sans un regard pour la jeune fille devenue définitivement écarlate, il reprit le fil des couloirs pour déboucher enfin sur une partie plus aérée, où l’animation se tarissait au profit de personnages élégamment vêtus, indubitablement plus distingués que ceux aperçus jusque là.
Cette fois, leurs pas les avaient menés judicieusement.
Une fête du meilleur aloi se tenait en effet dans l’un des grands salons d’apparat, où beaux esprits faisaient assaut de rosseries avec pour cible privilégiée les membres de la famille royale, bien-sûr. Passant avec négligence parmi ses invités, Philippe d’Orléans se tenait là, souriant, suivis par l’aréopage extravagant de ses favoris et maîtresses en titre.
 
Pour l’instant pris dans l’anonymat des convives et d’un recoin sombre, Oscar et Fersen contemplèrent le petit manège mondain avec attention ; puis, toujours secrètement aussi mal à l’aise, la jeune fille prit le parti de laisser éclater sa mauvaise humeur pour mieux masquer son trouble.
_ « Nous voilà bien avancés ! » fulmina t-elle tout bas. « Je me demande de plus en plus sérieusement si vous avez toutes vos facultés mentales, Fersen. Qu’est-ce que vous pensez obtenir en venant ici, des aveux ? Que le Duc, pris soudain d’affreux remords, va tomber à vos genoux pour s’accuser de vouloir attenter à la vie du Roi ? »
_ « Jarjayes, inutile d’attendre la fin de cette enquête pour me tuer, vous me faites déjà mourir. De rire. » ironisa t-il froidement. Et ajouta pour lui-même avec un fin sourire : « Allons donc mettre le feu à tout ça… »
Une main crispée sur son avant-bras l’empêcha de se lancer dans la foule.
_ « Quoi ?! » s’étrangla discrètement Oscar, « mette le…QUOI ?! Mais bon sang Fersen, allez-vous me dire ce que vous allez faire ! Je refuse de me faire étriper sans savoir pour quelle raison ! Et puis auriez-vous oublié les recommandations du Duc de Broglie ? C’est ça votre discrétion ?»
 
Le jeune homme tourna vers elle sa haute silhouette pour mieux la considérer d’un œil pétillant de malice.
_ « Mon jeune ami, vous êtes vraiment incroyable. Mais qu’espériez-vous donc, que nous allions pister le Duc à travers les couloir de Versailles, en faisant d’élégants roulé-boulé sous les tentures à chaque fois qu’il aurait tourné la tête dans notre direction ? Ou que nous nous déguiserions, vous en chandelier et moi en hallebarde pour écouter ses conversations secrètes, c’est ça ? Ne savez-vous donc pas que la meilleur défense, c’est l’attaque ? On ne vous apprend décidément rien dans vos écoles militaires...Allons, venez ! »
Oscar protesta, pour la forme, mais pour la première fois cette désinvolture irrévérencieuse lui fit du bien.
 
Car elle n’aimait pas cet endroit, mais alors pas du tout !, surtout après ce qu’elle avait vu tout à l’heure. Tous ces gens, collés les uns aux autres…c’était répugnant.
Elle se sentait si intensément gauche et raide parmi cette foison d’aisance voluptueuse, ce n’était plus soudain les situations nettes, carrées, que d’habitude elle affrontait.
Il y avait ici une vacuité qu’elle avait beau mépriser, mais au fond qu’elle enviait car pressentait chez tous ces personnages des mystères dont elle n’était pas détentrice.
Et elle en était profondément troublée.
 
Aussi elle le suivit, heureuse de pouvoir fulminer contre lui même si elle ne savait clairement pourquoi, si ce n’est d’en retirer un peu plus d’assurance en elle-même.
D’un geste vif, elle le vit saisir brusquement un verre de champagne pour le brandir et déclamer distinctement.
 
_ « Messieurs, je propose que nous buvions à la santé d’un personnage ô combien illustre ! Un homme dont la noblesse n’a d’égale que la puissance, et dont la réputation a depuis fort longtemps franchie nos frontières. Un homme craint, respecté, et même dirais-je aimé, de tous ! »
Les conversations s’étaient suspendues pour permettre aux yeux de détailler la haute et fière silhouette, des sourires répondant à l’invitation.
Philippe d’Orléans s’était retourné, charmé, croyant bien-sûr se trouver face à un nouveau courtisan.
Il fit un petit salut plein de bonhomie à l’adresse du jeune homme.
 
_ « Monsieur, vous êtes trop aimable. » dit-il, tout sourire, sa vanité largement épanoui sous le soleil de la flatterie. Il prit un verre lui aussi et le leva, imité par toute l’assemblée. « Quel gracieux compliment !
Et bien alors, buvons à la santé de cet illustre personnage comme l’a si bien décrit notre élégant nouvel ami ! Personnage que vous nous ferez l’honneur de nommer, j’espère ?» plaisanta le Duc de manière prétentieuse, relayé par les rires de sa « cour ».
Le Comte s’inclina fort courtoisement, un splendide sourire aux lèvres.
_ « Mais avec joie. » Et montant d’un ton, une pointe de défi dans son regard clair : « Buvons à la santé du Roi Louis le XVème, souverain très estimé du Royaume de France ! »
 
Un Oh ! scandalisé déchira aussitôt la salle, tandis que le Duc perdait son sourire au profit d’un rictus haineux lui déformant la bouche.
_ « Comment osez-vous !! » éructa celle-ci. « Qui ! Qui êtes-vous pour venir me narguer sur mes terres ! »
Parfaitement à l’aise, Fersen lui renvoya un sourire éblouissant.
_ « Vos terres ? Est-ce là le parler d’un membre de la haute noblesse ? Je dirais pour ma part…celui d’un hobereau de campagne ! »
Des cris fusèrent, des cris de rage jaillissant de tous côtés comme pour engloutir Fersen et Oscar, la jeune fille venue dans la seconde se porter à ses côtés.
_ « Mais qu’est-ce qui vous prend, vous êtes fou ? » lui glissa t-elle.
 
Prête à dégainer son arme et bien qu’affichant un calme imperturbable, elle ne put s’empêcher de lui jeter des regards où se mêlaient l’inquiétude, la stupeur.
En vérité elle était plus que surprise de découvrir celui qu’elle commençait à considérer comme doté d’une personnalité bien étrange ; en observant subrepticement le fier profil elle y découvrait soudain une détermination froide, dure et tranchante comme le métal, très loin de la désinvolture élégante qu’il avait affichée jusque là.
Et malgré la tempête qu’il venait de soulever, il n’avait pourtant pas un instant perdu ce léger sourire dont il semblait se servir pour défier son adversaire.
 
Un adversaire très pâle sous l’effet de l’injure, et qui fit un geste sec et nerveux pour ameuter ses loups : comme le reste, cette fête n’était qu’une façade d’innocence car immédiatement, une demi-douzaine de mines patibulaires surgirent des recoins pour les encercler.
Oscar voulut sortir sa lame, un geste aussi discret que redoutablement ferme retint son bras.
_ « Pas maintenant, Jarjayes… » marmonna Fersen, souriant toujours mais le regard froid.
Ecartant sa meute Philippe d’Orléans avança lentement, et la jeune fille de sentir son sentiment premier revenir en force : Fersen avait perdu l’esprit !
Le Duc s’arrêta à quelques pas, toisa ce dernier.
 
_ « Pauvre fou, misérable larve ! » dit-il justement. « Ton nom ! Je veux savoir qui je vais tuer. Et qui t’envoie, misérable chien de royaliste ! »
Comme s’il se fut trouvé parmi la meilleure société qui fut, Fersen adopta un ton parfaitement désinvolte.
_ « Et bien, que de questions. Commençons par la première. Qui suis-je…vaste interrogation , que je me pose souvent d’ailleurs. Qui peut se vanter en effet de se connaître soi-même : le philosophe ne dit-il pas qu… »
_ « Pas de ça, tu entends ?! » s’écria le Duc. Blanc de colère il s’avança encore, le regard débordant de haine. « Ne joue pas avec moi, tu ne sais pas à qui tu as affaire! »
_ « Ah, vous voyez, » confirma aimablement le jeune homme. « Que disais-je, personne ne peut se vanter de connaître réellement ses semblables, alors soi-même c’est un problème autrement plus épineux et j… »
_ « Assez !! »
 
Il fit un geste de nouveau.
Cette fois, six pointes de métal sifflèrent et les ajustèrent avec un parfait ensemble, à quelques centimètres de leurs visages. Celui du Duc afficha un air de triomphe.
_ « Et maintenant ? Vas-tu parler infâme chien, ou dois-je transpercer d’abord ton petit laquais ! »
Réagissant comme sous un coup de fouet, Oscar ne put se contenir plus longtemps : elle rejeta d’un geste sec son vêtement sombre sur son épaule, dévoilant sous les murmures de la salle ses insignes royaux.
_ « J’avoue pour ma part de pas y entendre grand-chose en philosophie, aussi vous dirais-je sans hésiter mon nom ! Capitaine Oscar François de Jarjayes, prêt à affronter quiconque qui s’avisera de me redonner du « petit laquais » ! »
 
Le Duc ne pavanait plus du tout, car soudain la nature de la situation venait de changer.
Un haut officier du Roi…ce n’était plus une vulgaire échauffourée bravache. Philippe d’Orléans sentait le danger chez l’un comme chez l’autre, de par sa fonction en ce qui concernait ce petit jeune homme blond, et d’un regard gris effroyablement déterminé contenant toutes les menaces pour ce qui était de cet autre personnage à la haute mine.
Mais Philippe d’Orléans était lâche, mais vaniteux.
Aussi, protégé par ses hommes de main il n’eut pas l’intention de lâcher la partie engagée.
Il se contenta de ricaner à la tirade d’Oscar, fanfaronnant.
_ « Quel ridicule petite armée, » les méprisa t-il, rieur, « est-ce là tout ce qu’a trouvé le Roi pour me défier? Qu’espérez-vous donc avec vos petites injures, me faire peur ?Vous n’êtes que des pantins tous les deux, des marionnettes dérisoires à la solde d’une régime qui ne l’est pas moins. Grotesques, vous êtes grotesques ! » et il cracha par terre.
 
Au mépris de la plus élémentaire prudence la jeune fille voulut passer outre les épées pour se porter au devant de ce misérable, mais là encore Fersen la retint in extremis et se mit devant elle au contraire, pour lui-même défier l’ennemi.
Mais à sa manière toujours ; souriant, implacable, élégant et froid.
_ « Mon cher, vous avez parfaitement raison. Nous sommes grotesques en effet, de misérables pantins. Mais ne dit-on pas que le Seigneur n’a que les messagers qu’il mérite ? »
Encore une fois la salle entière se souleva de révolte outrée, le Duc écumant de fureur de voir ses propres injures se retourner publiquement contre lui, et de si brillante manière qui plus était.
Et soudain tant de colère ne put se contenir, il avança sans crier gare, se saisit d’une dague dans la ceinture d’un de ses hommes et vint comme un diable la coller à la gorge de Fersen.
Qui ne bougea pas d’un pouce.
Et ne cessa de sourire.
 
Malgré toute sa détermination Oscar ne put retenir un hoquet de surprise, d’inquiétude, de stupéfaction face à ce calme imperturbable mais dont la finalité lui échappait. Mais où voulait-il en venir ?
_ « Alors, espèce de chien !!! » hurla Philippe d’Orléans à cette volonté qui le dominait, sans aucune arme pourtant. « Vas-tu me supplier quand je vais te saigner ? Vas-tu demander grâce en te traînant à mes bottes ? »
L’atmosphère était palpable, plus un souffle ne soulevait les poitrines. Ou plutôt si, une.
 
Fersen soupira en effet, profondément indulgent.
_ « Mon cher Duc, pardonnez cette légère critique mais vous êtes épouvantablement prévisible. C’est consternant… »
Sa voix si chaude et aimable déstabilisa quelque peu le Duc, la flamme de haine vacillant dans ses yeux. Le Comte poursuivit sur un hochement faussement apitoyé.
_ « Allons, allons…croyez-vous réellement que nous soyons venus ici sans prendre quelques précautions ? Vous voulez nous tuer, mon cher ? Parfait ! Allez-y ! Mais sachez que si nous ne sortons pas d’ici parfaitement indemnes, le Roi se fera un plaisir de lancer sans attendre ses troupes sur vos « terres » comme vous nommez si élégamment ce Palais. Palais qui vous semblera bien moins confortable que la Bastille, je vous assure. »
 
Sidérée, Oscar parvint à camoufler ses émotions. Bon sang, ce culot ! Le Duc sembla du même avis.
_ « Vous mentez !! »
Un sourire éminemment frondeur lui répondit.
_ « Voulez-vous prendre le pari ? Pascal a philosophé très joliment là-dessus. Mais peut-être n’avons-nous pas les mêmes lectures…»
Durant quelques secondes, la jeune fille eut le sentiment que leurs existences étaient en suspend, à tous.
Puis l’acier s’abaissa, mais pas le regard de haine.
_ « Je vous tuerai… » mâcha Philippe d’Orléans, très bas, comme une promesse faite aux yeux gris.
_ « Et avec votre panache habituel,  je n’en doute pas : c’est-à-dire en laissant à d’autres le soin de se salir les mains à votre place… »
Comme s’il se retrouvait face à un démon le Duc se recula, presque la bave aux lèvres.
_ « Sortez !!! Dehors fils de chien !! Vous avez de la chance aujourd’hui mais la chance est une garce ! Elle vous abandonnera tôt ou tard !!! Et alors je vous tuerai !!! Sortez !!! »
 
Quelques cinq minutes plus tard, solidement escortés jusque sur les parvis Oscar et Fersen retrouvaient l’air vif du dehors.
Contre toute attente, la jeune fille explosa telle une furie dès qu’il furent à l’abris des regards.
_ « Bon Dieu ! Mais qu’est-ce qui vous a pris Fersen ?!? Vous allez enfin me dire pourquoi vous avez fait ce petit numéro ? Pourquoi avez-vous risqué de vous faire planter une lame dans la gorge, pour faire votre intéressant je suppose ? »
Un demi sourire à la désinvolture retrouvée lui répondit.
_ « J’adore lorsque vous vous inquiétez pour moi, Jarjayes… » se moqua t-il, Oscar remarquant pour la première fois sa fossette au creux de sa joue gauche.
 
_ « Vous vous croyez donc formidablement intelligent, hein ? » rugit-elle en serrant les poings de fureur. « Qu’est-ce que vous espériez prouver par cette petite démonstration de force. Montrer vos beaux muscles à un petit camarade, comme ces batailles de cours d’école ? »
Le jeune homme s’adossa au mur de la ruelle où ils se tenaient, croisa les bras en considérant calmement le fin visage.
_ « C’est drôle que vous me parliez de cours d’école, car il s’agit exactement de cela en fait, d’une leçon ; à ceci près : ce n’est pas à une démonstration de force à laquelle vous venez d’ assister mais à un cours de biologie… »
 
La jeune fille le considéra comme s’il fut définitivement privé de raison. Il expliqua, patient.
 
_ « N’avez-vous donc jamais remarqué ce qui se passe quand on déloge un nœud de vipères ? Elles se tiennent au départ les unes aux autres bien au chaud, soudées, inextricables. Mais il suffit de les déranger en leur lançant un caillou par exemple et c’est l’affolement. Elles paniquent, se dispersent, deviennent comme folles.
Et bien mon cher Jarjayes, c’est exactement ce que nous venons de faire.
Croyez-moi, grâce au petit caillou que je viens de lancer nous allons observer des choses fort intéressantes, ces prochains jours… »





 
  Aujourd'hui sont déjà 25 visiteurs (38 hits) Ici!
 
 
Ce site web a été créé gratuitement avec Ma-page.fr. Tu veux aussi ton propre site web ?
S'inscrire gratuitement