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  22. Initiation
 




Chapitre XXII                                   Initiation



Sa voix…cette voix familière qui semblait voltiger dans un recoin de sa mémoire…qui prononçait inlassablement son nom. Un cauchemar sans doute, comme tout le reste…si réelle pourtant, si charnelle…Oscar…

_ « Oscar ! Ecoutez-moi ! Allons, réveillez-vous. Oscar ! »
 
La jeune fille ouvrit violemment les yeux sous le choc du souvenir, cette toute dernière vision d’un trop séduisant visage emportée avant sa chute et qui resurgit à cette seconde tel un éclair lacérant ses chairs.
_ « Chuut, calmez-vous ! Tout va bien. »
L’image était si forte, presque traumatisante, qu’Oscar mit plusieurs secondes avant de calmer ses gémissements, de reprendre pieds dans la réalité pour reconnaître enfin celui qui se trouvait là, mais…qui n’était pas…
_ « Tenez, buvez ceci… » ajouta le Duc de Broglie.
Plus rien, elle n’y comprenait plus rien ! Totalement hébétée elle se redressa péniblement, étonnée malgré tout de sentir que les douleurs de son corps meurtri avaient presque entièrement disparues, saisit docilement le verre qu’on lui tendait sans prendre encore toute la mesure de l’incongruité de la situation. L’eau sucrée lui fit du bien en tout cas, un peu de conscience lui revint même si l’impression d’être un navire prit dans la tourmente perdurait.
 
Elle se trouvait dans une chambre inconnue, dont les dimensions l’impressionnèrent tout comme celles du lit d’ailleurs, sorte de vaisseau barbaresque couronné d’un dais aussi vaste que la voûte céleste elle-même. Elle exagérait elle le savait, mais la douceur et le confort des lieux étaient tels comparés à la souffrance, au froid, à la mort étreignant son pauvre cœur durant ces jours interminables…Mais…alors…Si le Duc de Broglie était là, occupé à jouer les gardes-malades de prestige, c’est que…
Oscar tourna brusquement la tête, vers le côté opposé, là où se tenait une haute silhouette mangée par l’ombre baignant les lieux, qui se dégagea de la colonnade du lit dès lors qu’elle se sentit observée…
La jeune fille plaqua aussitôt sa main sur sa bouche pour contenir le cri d’épouvante, de surprise, ou de bonheur elle ne savait trop qui jaillit du fond de ses entrailles, ne put endiguer par contre ses soubresauts nerveux lorsque finalement cette silhouette prit place à ses côtés, s’assit à demi sur la courtepointe pour la fixer, la submerger de ses yeux clairs.
 
_ « Calmez-vous Oscar. C’est bien moi. » murmura Fersen le plus doucement possible, en réponse aux interrogations hallucinées de son regard océan. « Je suis vivant, oui. Bien vivant… »
La jeune fille secoua frénétiquement la tête, se recula même un peu pour échapper à cette invraisemblable réalité
_ « C…c’est impossible !! Je vous est vu…mort. MORT !!! » bégaya t-elle.
A cet instant le Duc de Broglie intervint.
_ « Capitaine de Jarjayes. Ce n’est là que la première étape vers une vérité autrement plus étonnante. Sachez que bientôt vous allez être initié à l’un des plus grands secrets d’Etat existant ; un secret si incroyable que rien, jamais, ne devra filtrer de ce qui sera dit. Je ne vous cache pas que j’ai longuement hésité avant de me décider à vous mettre dans la confidence. Mais au regard de votre courage exceptionnel, de l’extraordinaire exploit que vous venez de réaliser, il était plus que légitime de vous faire confiance. Et puis…les propos du Comte de Fersen en votre faveur ont été plus que déterminants dans cette prise de décision. Je ne pouvais que m’incliner. »
 
De plus en plus perdue mais un peu rassérénée, Oscar considéra le Duc qui par ce ton lui rappelait sa charge, son rang, en un mot tout ce qui constituait jusque là sa vie et dont elle avait cru être si cruellement dépossédée ces derniers jours. Ses paroles raisonnèrent pourtant de manière étrange : il y avait en elles comme une déférence vis-à-vis de Fersen, comme si le Duc se plaçait sciemment en infériorité face à cet homme infiniment plus jeune que lui.
Sa tête lui tournait un peu mais elle se reprit, de nouveau fidèle à elle-même. Obscurément elle sentait que ce mystère serait terrible mais sa fierté prit le dessus, elle ne voulait trahir la confiance que l’on s’apprêtait à placer en ses mains. En digne soldat elle fit face, calma son désarroi, fit taire surtout la trouble tentation de se jeter dans les bras de celui qui se tenait si près d’elle, afin de le respirer, de sentir contre sa joue cette insolente séduction, de boire à pleine bouche ce souffle de vie. Pour elle aussi redevenir vivante…
 
Elle ne fit pas un geste, mais ses yeux parlèrent pour elle. Bientôt son regard se détourna insensiblement pour revenir dévorer Fersen de sa muette incompréhension, détailler chaque partie de son visage avec ardeur, partagée entre le bonheur et la sourde inquiétude de découvrir ce qu’il taisait depuis si longtemps ; hypnotisée surtout par le séduisant tracé de ses lèvres vers lesquelles elle se sentait invariablement attirée…
 
_ « Bon…je crois qu’il serait préférable que nous vous laissions vous reposer encore un peu, n’est-ce pas Fersen ? »
 
_ « P…pardon ?! » sursauta Oscar sous l’injonction du Duc, secrètement honteuse de son émoi qu’elle ne put s’empêcher de considérer comme une faiblesse. « Me reposer ? Mais il n’en saurait être question ! Je me sens parfaitement bien au contraire et je veux s… »
_ « Allons Capitaine, ne discutez pas. Venez Comte ! »
Retrouvant aussitôt son humeur batailleuse, Oscar n’entendit pas se laisser commander si aisément et bondit sans plus de façon hors du lit alors que les deux hommes s’éloignaient déjà.
_ « Attendez messieurs ! Pas si vite je vous prie. Me révéler un secret d’Etat est certes bien joli mais je veux d’abord savoir ce qui s’est passé depuis mon arrivée ! Je me souviens parfaitement que j’étais malade, et m’être évanouie au moment de confondre le Chancelier Maupeou. Mais après, qu’est-il arrivé exactement ! Et les documents que j’avais sur moi où s…mais qu’est-ce que qui vous prend ?!! Qu’est-ce que vous avez à me regarder de cette façon ! »
Poings sur les hanches, la jeune fille mit du temps pour comprendre la cause des mines éberluées en face d’elle, suivit la fixité des regards et abaissa le sien… immédiatement assorti du florilège de ses jurons favoris en découvrant sa tenue.
Son manque de tenue plutôt, quand elle se vit simplement revêtue d’une large chemise d’homme dont les quelques boutons dégrafés confirmaient bien qu’elle ne portait rien d’autre en dessous. Et qu’elle n’appartenait visiblement pas à la même race mâle et virile que ses compagnons non plus.
 
Etranglant avec frénésie les pans de cette traîtresse, Oscar vira dans la seconde au rouge pivoine en réalisant que le Duc de Broglie ne devait plus avoir beaucoup d’illusions quand à sa triomphante masculinité, et opta pour un repli stratégique vers la courtepointe du lit qu’elle tira d’un coup sec, pour au moins cacher ce qui pouvait l’être encore.
_ « Oui…je…heu, bon ! » bougonna le Duc, embarrassé. « Puisque vous semblez aller mieux et souhaitez des explications sans attendre, rejoignez-nous lorsque vous serez prêt. Hum…et prenez votre temps. Vous venez Comte ? »
_ « Oui, dans un instant… »
Voilà bien le genre de réponse propre à calmer les battements désordonnés de son coeur ! La jeune fille, furieusement entortillée dans de la soie bleu tendre tourna résolument le dos à Fersen, et choisit tout aussi héroïquement de se retrancher vers les larges baies vitrées en décidant que la vue devait en être follement intéressante. Le problème majeur étant bien sûr qu’il faisait nuit noire mais ce genre de détail fut bien loin de la rebuter. Incapable d’apercevoir le moindre bout de paysage elle s’ingénia pourtant à contempler les poussières des vitres avec énormément d’application.
 
Absorbée par sa tâche, bon nombre d’interrogations subsistaient malgré tout dans son cerveau enfiévré dont une, essentielle, allant bien au-delà de l’affaire d’Etat. Les questions les plus prosaïques dépassent parfois en gravité les plus sombres complots.
_ « Vous…c’est vous qui m’avez déshabillée ? » balbutia Oscar en tournant vaguement la tête, se souvenant de la sollicitude du jeune homme un soir de cuite mémorable. Il émit un petit rire, et il valut mieux qu’elle lui tournât le dos en effet, car la seule pensée de ses mains sur elle parvint à mettre ses joues en feu. Sans parler du reste de son corps.
 
_ « Non, ce n’est pas moi. Mais j’aurais adoré… » ajouta t-il de ce ton de sombre velours qui eut un effet encore plus désastreux sur les palpitations cardiaques de la jeune fille. « En fait…ah tant pis, il me faut être honnête avec vous : figurez-vous que j’ai essayé … »
_ « QUOI ?! »
_ « Eh oui. Lorsque que vous vous êtes évanouie dans mes bras, malade, j’ai eu très peur savez-vous. Vous étiez brûlante de fièvre, et j’ai crains un instant que votre état était encore plus grave que je ne le pensais. Mais c’était sans compter sur votre vaillance…Néanmoins je vous ai immédiatement portée ici, ne voulant laisser à personne le soin de m’occuper de vous. Hélas, au moment de procéder à la plus charmante des tâches que réclamait la situation, une horde de soubrettes déchaînées m’est tombée dessus en hurlant que ce n’était certes pas le travail d’un homme d’en dévêtir un autre aussi joliment fait. Ce fut terrible. La bataille fut rude, mais je vous assure m’y être vaillamment illustré en réussissant à en assommer quelques unes et faire voler quelques dents également. Hélas, le nombre a eu raison de mon courage…J’ai alors tout essayé : les suppliques, les menaces et même le chantage sexuel, rien n’y a fait. A ma grande honte j’ai du piteusement battre en retraite…Mais le point positif est que votre honneur est sauf, évidemment. »
 
Oscar se mordit les joue pour ne pas rire.
_ « Vous dites vraiment n’importe quoi. » s’exclama t-elle.
_ « Oui…mais au moins je vous ai fait sourire. »
Il la connaissait si bien. Au point de deviner sa gêne liée à tout ce qu’elle percevait comme être des faiblesses intolérables, et vouloir la mettre à l’aise en faisant semblent de ne rien remarquer. Et cet homme, précieux, était vivant, là près d’elle, attentif, tendre... Son sourire s’effaça sous la montée brûlante de ses larmes, qu’elle souhaitait tout autant masquer par fierté absurde.  
_ « Chantage sexuel dites-vous ? » poursuivit-elle d’une voix qu’elle voulut légère mais éraillée par l’émotion. « Et vos jolies soubrettes ont pu résister à cette tentation. Voilà qui me surprend. »
_ « Jolies ? Même pas ! Elles sont affreuses au contraire, car ce que vous ne savez pas c’est qu’ici toutes les soubrettes ont plus de soixante-dix ans. Et puis certaines sont édentées désormais, ne l’oubliez pas… Bien, je vais vous laissez vous préparer à présent ; cette horde sauvage organise également des rondes et je ne tiens pas à être surpris dans la chambre d’un si beau militaire. Dieu sait ce qu’elles inventeraient encore pour me punir.»
Oscar ferma les yeux, sentant le sel de ses larmes couler jusqu’à ses lèvres alors qu’il s’éloignait.
 
_ « Fersen ! »
 
Il allait sortir quand il la reçut dans ses bras. Eut juste le temps de se retourner pour la recevoir, en pleurs, et étreindre passionnément ce jeune corps qui s’offrait. Comme quelqu’un qui se noie et s’accroche à la vie elle noua ses bras, cacha la rougeur de son visage dans la chaleur de son cou, tremblante, secouée de spasmes, de peine tout autant que de bonheur il le savait, ivres, splendides l’un comme l’autre.
Une seconde, une éternité ? peu importe ce que durent ces moments. L’important est qu’ils existent justement, même s’ils sont éphémères.
 
Il ne l’embrassa pas. Oscar perçut ses lèvres pourtant, glisser doucement contre sa joue humide lorsqu’il mit fin à l’étreinte, s’arrêta comme à regret à la commissure de ce fruit adorable. Mais elle, d’instinct, la chercha cette bouche tant désirée, voulut cette communion totale que réclamaient ses sens. Désarçonnée par ce refus, elle ne put que le regarder de ses yeux immenses d’incompréhension, fragile.
_ « Pas…maintenant, Oscar. » se défendit-il, son regard gris-bleu chaviré malgré le sourire qu’il affichait. « Pas maintenant. Avant, d’autres secrets se doivent d’être révélés. Et alors seulement vous pourrez décider de… »
Il la lâcha avec un rien de brusquerie, comme étreint par une émotion nouvelle même s’il se forçait toujours à sa nonchalante élégance coutumière. Il lui dédia un dernier regard admiratif.
_ « Décidément, je vais longtemps regretter de ne pas avoir été une vieille soubrette de soixante-dix ans. »
Ce ne fut qu’au moment où la porte se referma doucement qu’Oscar se souvint de la courtepointe abandonnée près de la fenêtre…
 
 
Les nourritures intellectuelles sont certes importantes mais celles du corps le sont aussi, comme le constata Oscar. Lorsqu’elle fut prête, avant de rejoindre qui que ce soit la jeune fille se perdit dans les méandres de ce château gigantesque à la recherche des cuisines, que sa mémoire lui rappela se trouver en bas. Détail guère difficile à mémoriser d’ailleurs, puisque commun à tous les palais d’Europe.
Seul ce qu’elles contiennent change évidemment de pays à pays, et la jeune fille de faire ainsi connaissance avec les tartines de pain noir au fromage, l’Apfelstrudel, la Keisertorten et autres spécialités prussiennes plus délicieuses les unes que les autres. Mis à part quelques salaisons bizarres, comme l’espèce de boudin aux oignons ou le jambon persillé par exemple, qui vraiment ne retinrent pas ses appétits. Et puis avoir un morceau de boudin coincé dans la dent ne lui semblait pas non plus très approprié pour entendre les terribles mystères qu’on lui promettait.
Par contre elle découvrit avec ravissement qu’ici aussi on sacrifiait à la tradition du chocolat chaud, et chose étonnante le trouva même encore meilleur que celui de Grand-Mère. Peut-être fut-ce à cause des évènements dramatiques qu’elle venait de vivre, car la moindre parcelle de nourriture prenait vraiment des allures de merveilles auprès des pommes amères des derniers jours, ingurgitées à la va-vite dans les ornières des chemins.
 
Elle retrouva les deux hommes près d’une demi-heure plus tard, dans un des salons jouxtant la Grand-Salle qui l’avait vu débouler comme une furie quelques jours plus tôt. Car la jeune fille apprit avec stupeur que sa fièvre l’avait faite déliré presque trois jours, la maintenant dans un état de semi conscience assez alarmant. Mais sa nature était solide, et sitôt la fièvre enfin tombée un sommeil réparateur l’avait conquise. Un sommeil de plus de trente heures.
_ « M…mais alors, je suis ici depuis presque cinq jour ! Et le Chancelier, où est-il à présent ! Et vous-même, comment avez-vous fait pour arriver jusque là en même temps que moi, et… »
_ « Attendez, attendez Capitaine ! » coupa de Broglie. « N’allons pas trop vite. Tout d’abord, et ceci pour vous mettre à l’aise, sachez que je suis au courant pour…pour ce que j’ai entraperçu tout à l’heure. Au sujet de votre véritable nature je veux dire. »
Oscar fut encore plus stupéfaite.
_ « Quoi ? Que je… »
_ « Oui, que vous êtes une femme. » compléta le Duc. « En fait c’est le Comte de Fersen qui m’en a avisé durant votre mission, dès lors qu’il n’eût plus de doutes à ce sujet. »
 
La jeune fille se sentit rougir en sentant quelques souvenirs incongrus voltiger, notamment les monstruosités d’un bas de laine. Comme toujours lorsqu’elle était troublée elle choisit l’attaque.
_ « Mais comment ça « durant votre mission » ! Pas une fois nous ne vous avons revu depuis notre départ de Versailles, alors qu’est-ce que tout cela veut dire ! »
_ « Ne vous énervez pas, Oscar. » intervint le Comte, étouffant un sourire en voyant son agressivité dont il avait apprit à connaître les causes. « La vérité c’est que pas un instant je n’ai perdu le contact avec le Duc de Broglie, pour l’informer très exactement de la progression de notre affaire. Et lui permettre surtout d’intervenir pour achever avec succès notre plan. »
Malgré toute sa bonne volonté la jeune file secoua la tête, avec en elle l’étrange et sourde impression d’avoir été manipulée depuis le début...
_ « Notre plan ? Je ne comprends rien… »
Alors le Duc reprit la parole, enfin décidé à livrer le plus extraordinaire récit qu’oreille humaine ait jamais entendu.
 
_ « Capitaine, pour bien comprendre le fondement de toute cette affaire il me faut remonter quelques années en arrière, lorsque j’ai pris mes fonctions au sein du Cabinet Noir qui est, comme vous le savez à présent, le réseau de contre-espionnage de sa Majesté.
Très vite, d’étranges irrégularités me sont apparues, en l’occurrence la divulgation de certaines informations secrètes par des moyens qui m’échappaient totalement.
Au début ce ne furent que des doutes, des soupçons, mais rapidement une constatation se fit jour : quelqu’un dans l’entourage du Roi semblait être à la solde d’une puissance étrangère ai-je cru tout d’abord, habilité à créer d’une façon ou d’une autre un conflit entre plusieurs puissances européennes. » 
Le Duc se leva, fit quelques pas mains derrière le dos, la mine soucieuse.
_ « J’avoue qu’à l’époque j’étais bien loin de me douter de l’ampleur que prendrait cette affaire ; de la guerre oui, de la guerre que nous allions devoir livrer contre l’une des organisations secrètes les plus terribles de l’Histoire.
_ « Les Illuminatis n’est-ce pas… »
Le Duc hocha la tête, approuva Oscar.
_ « Exactement. Cette loge maçonnique dont Philippe d’Orléans dirige en sous main les agissements, étendant ses ramifications bien au-delà de nos frontières comme je l’ai rapidement constaté. D’une telle ampleur oui, que j’ai été épouvanté de me voir si démuni même avec la puissance qui était la mienne. J’avais l’écoute du Roi, sa confiance, mais que faire sans la moindre preuve ? Et surtout qui frapper pour démanteler ce réseau démoniaque. C’est alors que je fus contacté par…ah, je suis sûr que vous n’allez pas me croire… »
 
Comme sous le coup du souvenir de Broglie se tut, au point que Fersen dut poursuivre.
_ « Vous vous souvenez Oscar, je vous ai déjà expliqué les pratiques religieuses dévoyées des Illuminatis. »
_ « Oui, parfaitement. » acquiesça la jeune fille, de plus en plus sur la défensive.
_ « Et bien comme toute chose en ce monde il en existe l’antithèse. Des sociétés, ésotériques elles aussi, chargées pareillement d’influer sur la conscience des peuples pour la guider vers une plus grande évolution universelle. Ainsi bon nombre d’artistes, de savants, de scientifiques en font partie pour qu’à travers leurs œuvres la nature humaine puisse tendre vers plus de connaissance, qui est une victoire sur l’obscurantisme comme je vous l’ai déjà dit. Tels les grands poètes Goethe et Montesquieu, ou l’immense J.S Bach par exemple...»
 
Stupéfaite Oscar eut un haut-le-corps, plus très loin de croire que l’univers entier était aux mains de ces contre-pouvoirs occultes ! En vérité jamais elle n’avait vu les choses sous cet angle, devant même admettre que ses réflexions ne l’avaient jamais portée si loin. Jusque là elle s’était contenté de voir la surface, l’apparence, comme Fersen le lui avait si souvent reproché d’ailleurs. Et songer qu’un artiste ou un savant puisse éveiller la conscience des peuples…c’était si aveuglant à présent qu’elle maudissait sa stupidité.
Mais de Broglie reprenait son récit.
_ « Je comprends votre surprise Capitaine, car elle fut la mienne également. Pourtant elle ne fut en rien comparable à celle qui m’envahit lorsque j’appris qu’il existait un Ordre maçonnique chargé depuis des siècles de contrer les Illuminatis, un ordre qui me contacta, et qui me proposa d’intégrer leur obédience pour à mon tour servir leur cause. » 
Et sous le regard effaré de la jeune fille, le Duc de Broglie écarta le col de sa chemise pour faire voir la croix qu’il arborait, l’exacte réplique de celle reçue d’un mort avait-elle crû, qui l’avait si fortement intrigué. Mais alors, si Fersen l’avait en sa possession lui aussi…
 
_ « Et cet Ordre, quel est-il ? » articula Oscar, la gorge sèche.
 
Le Duc revint vers elle. Marqua un temps de réflexion avant de répondre.
 
_ « Celui des Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem, Capitaine, plus connu sous le nom de l’Ordre du Temple.  Oui, vous avez bien compris. Les Templiers. Et dont voici l’un de ses plus hauts représentants. » acheva t-il en désignant Fersen.





 
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