6P Designs.Adapted by Rozam

   
 
  CHOUCROUTE GARNIE
 


Tranche de vie...



- Did, ma vie n’est plus qu’une vaste choucroute en ce moment, aide-moi !



Rien à faire : j’adore l’écouter débiter des âneries.
Peut-être parce qu’il devient fâché et que ça le rend vraiment irrésistible, ou alors c’est ce bistrot qui affiche un manque de fumée de cigarettes évident, ça vous flanque l’âme indulgente soudain.

Non, il est beau, vraiment.
C’est un code à trois chiffres sa beauté, à chaque fois j’en sors fracturée de partout : en premier des cheveux qui vous sautent à la figure quand il vous dit bonjour, puis un corps qu’on n’arrête pas de se forcer à ne pas regarder ; et enfin la bouche, qu’on regarde elle, puisqu’on ne peut pas faire autrement. Elle parle beaucoup trop cette bouche, c’est le drame de ma vie.

Si elle se taisait de temps en temps je n’aurai peut-être pas autant envie de l’embrasser, comme maintenant, ni de faire ces choses qui me donnent l’air d’une parfaite demeurée : je touille. Le café, je le touille, et avec un bout de sucre encore, moi qui déteste ça. Pourquoi pas mes doigts tant qu’on y est ! , je sais rarement ce que je fais dans ces cas là.

Enfin si je sais : je fais l’amie. La meilleure bien entendu, celle qui hérite de la place du con. On colle même deux syllabes à la fin, certainement pour ménager ma sensibilité.
Confident, voilà.
Meilleure amie, confidente, c’est bientôt le printemps et je touille dans un bistrot sans fumée.
J’aurais dû relire Sénèque avant de venir.
Avec cette histoire de choucroute qui se profile ça m’aurait aidé, si.

En attendant je sauve ma peau, j’attaque directe :

- Si tu étais plus précis ça m’aiderait beaucoup tu sais. En quoi ta vie est…ce que tu dis ?

Classieux, concis, tous les mots petits doigts sur la couture pour masquer mon anarchie primaire à vouloir le faire parler pour ne rien dire. Des heures, oui, des heures que je la regarderai alors, sa bouche, cette voie royale où convergent tous mes sens interdits…tiens, joli ce mot, « converge »…si on enlève l…non ! Arrête un peu jeune fille ! Et toi beau diable, fais-vite, bon dieu fait vite avant de tout m’offrir comme ça. Tu sais très bien que je suis ta « tout ou rien » préférée pourtant, évidemment je ne t’ai jamais dit que je te désire follement, mais ça et le fait que j’adore me taper du camembert à 1h du matin resteront mes manies honteuses. Les filles, leurs mystères, tu sais…

Tant mieux, il obéit.
Sauf que c’est pour dire un gros mot.


MARIAGE.

QUOI !
Merde alors ! Et moi comme une damnée j’attaque aussitôt le sucrier, tâchant d’offrir à ma tasse et ma conscience un semblant de contenance, parce qu’évidemment c’est pas mon prénom qu’il colle à ce mot dégoûtant mais celle d’une blonde ravissante, que je connais et déteste adorer soudain.
Bordel, Sénèque, en rentrant, toute l’œuvre complète !
Ça calmera sûrement le truc qui fait mal à l’intérieur, en haut à gauche, qui bat trop vite à envahir le monde entier, à moins que ce ne fut ce café immonde que je bus plus tard. Ma petite cuillère y tenait presque debout. Le sucre, tue. Ouais.
Par contre je n’ai jamais compris le rapport entre la choucroute et sa question. Ou juste un peu, allez : mon costume de neutralité amicale était trop bien fait, j’avais couturé tellement serré que j’étais moulée dedans, parfaite. Impeccable, la meilleure amie. Qui conseille, console, rien qui dépasse, tout en toile de Jouy quand moi je rêvais de l’écrire autrement ce mot, et avec toi belle bouche.


Evidemment, tu m’as invité. Et moi comme la bonne con-fidente, j’y suis allée. C’est marqué nulle part mais les mariages sont des charniers à jeunes filles, ça vous enterre les illusions à coup d’adverbes réciproques ; et puis d’abord, je m’en fous tiens.
De uita beata est dans mon sac, si on m’embête j’en mets une à quelqu’un avec : Sénèque et sa vie heureuse c’est parfait pour casser la gueule aux gens.


Quand je suis sortie de ce caveau avec « Mairie » écrit dessus, Paris avait ce parfum que je déteste : celui des cours d’école où personne ne veut jouer avec moi.
Suis-je bête, quand même…mon héroïsme de bistrot me fait peur, là, au détour d’une rue, si j’avais un peu craqué les coutures et que je lui avais dit, comme ça, au onzième sucre « je t’aime » ?
Mais non voyons, je m’en fous c’est vrai, là j’ai une jolie robe alors je vais aller voir des copains.
Les meilleurs, ceux qui ne me connaissent pas : Léo, Jacques, y vont me consoler à coup de platine et ça a aura une de ces gueules, ouais mec, et une vraie cette fois.


Ou alors…tiens, je me ferais bien une petite choucroute, là tout de suite.
La bien garnie, la royale, tous les sens en éveil et des larmes par-dessus pour que ce soit meilleur.
Bah et puis je pédalerai dedans durant les trois-quatre prochains mois, mais pas grave : Paris sent le chou, c’est parfait pour mon cœur épluché en trognon. Et avec un peu de chance je vais bien réussir à trouver un petit salé pour mettre dedans, non ?

Ben quoi, c’est vrai qu’elle est jolie, ma robe d’abord. Elle est bleue.
Parce que je déteste le blanc.




 
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