6P Designs.Adapted by Rozam

   
 
  9. Farce et attrape
 




Chapitre IX
.     Farce et attrape







- RIDICULE !!! Tout cela est ri-di-cule !! A-t-on jamais vu ça ?!! Séduire à coup de foies de volailles et de blanc d’œufs ah non mais c’est d’un grotesque !! On atteint vraiment des sommets, c’est affligeant. Je ne peux pas laisser faire ça : Cupidon !! Vilain garnement viens ici tout de suite !

Curieux comme une voix hystérique à fendre des comètes vous décourage d’obéir…Point de carquois à l’horizon, pas la plus petite boucle angélique ni de fesse rose au détour d’un nuage…

- Viens immédiatement ou je t’envoie sur le champ dans le corps de Monsieur de Girodelle ! Et tu sais ce que le Général de Jarjayes rêve de lui faire, n’est-ce pas ?

Un buisson étoilé bougea frénétiquement puis une cavalcade, en disant long sur l’horreur de la menace pour l’intéressé.

- Maman, non !! Pitiépitiépitiépitiépitiépitié !!!!
- Intéressante la langue que tu parles, je ne l’entends pas souvent ! observa Vénus du haut de son triomphe. Je consens à te pardonner, mais à une condition. Sinon, Girodelle !!
- Noooooooon ! Tout ce que vous voudrez !
- Bien. Tu vas immédiatement aller trouver Apollon, et lui dire ma façon de penser.
- Mais…mais…Apollon est dans le corps d’André, Jupiter en a décidé ainsi ! Vous étiez d’accord, vous disiez qu’il fallait un mariage, que cet André Grandier serait…
- Suffit ! Je ne suis pas idiote, j’ai parfaitement entendu la sentence. Mais ne vois-tu pas ce qui se passe en ce moment même ? Des dindes, de l’ail…et pourquoi pas des oignons tant que l’on y est ! Et ça se prétend Dieu de la séduction, HA mais laissez-moi rire, un amateur oui ! Apollon nous ridiculise, voilà la vérité, commet d’habitude il n’en fait qu’à sa tête. Il se dit irrésistible, mais croit-il qu’on rend folle d’amour une jeune fille en lui parlant d’échalote ? Je…c’est inacceptable ! Il faut que tu interviennes, mets-toi en rapport avec ce Dieu de pacotille et dis-lui de se montrer…de montrer enfin un peu d’élégance et de raffinement !
- Mais qu’est-ce que je peux faire ? Je n’ai pas le droit de me dévoiler aux Humains…
- Faudra t-il que je pense à tout ? N’as-tu donc aucune idée, toi habituellement si généreux en bêtises !
- Beuh non…
- Pfeu, c’est bien la peine de t’avoir donné la meilleure éducation possible…Allons, réfléchissons, comment faire pour que tu passes inaperçu…OH !!


L’idée de génie n’avait décidément pas été longue à se frayer un chemin sous cette blondeur magnifique. N’est pas Déesse pour rien…



****




Pendant ce temps, dans les cuisines du domaine Jarjayes, outre le fumet des plats mijotés une autre sorte de fragrance commençait à troubler Oscar. Quelque chose de bien plus subtile que l’ail et l’échalote incriminés par Vénus, quelque chose d’indéfinissable, de doux, de dangereux et d’inconnu : le parfum d’André.
Indéfinissable parce qu’il évoquait l’été, les champs de blé vert et l’herbe folle, la sève translucide faisant pleurer les arbres sous le soleil ardent.
Doux, parce que si proche de lui ses humeurs flamboyantes laissaient place à des langueurs passagères, dont elle n’arrivait à comprendre l’origine.
Dangereux et inconnu parce qu’elle ne trouvait plus d’ancrage soudain, ses doigts agrippaient le vide et elle tombait, sans rien connaître du fond obscur qui la recevrait. Avec la peur de tomber éternellement…

Toujours tout contre cette solide carrure Oscar luttait ferme contre l’envie d’avoir une troisième démonstration, et l’évidence qu’il allait avoir des doutes sur son intelligence si elle continuait à prétendre ne pas savoir casser une coquille toute seule. Il fallait faire cesser tout cela. Cependant…

- Je vois que tu as compris Oscar. Ne perdons pas de temps : prépare une trentaine de blancs d’œufs, je vais chercher la chaire de volaille.


Cependant l’expérience avait été…intéressante. Et étrange. Agréable ? Non…ou alors un tout petit peu ? Non, non pas du tout…
Nettement moins sûre de ses colères Oscar retint le soupir infime célébrant la rupture d’une osmose charnelle pourtant perturbante. Cela n’avait aucune logique ! Dès qu’il fut loin elle s’énerva. Elle s’agaçait, à ne plus savoir être féroce. Stupidement agneau, quand elle était un lion belliqueux. Mais aussi pourquoi avait-elle lancé cet œuf ?!! Pourquoi, mais pourquoi diable ces ossatures masculines la bouleversaient autant ? Fersen, lui…Lui ! Foutrerie que ses pensées pleines d’insanités, ces brumes émoussant ses résolutions, ces sortes d’éclairs internes pulsant son ventre. Tout cela n’avait aucun sens, aucun !

Et pourtant…Ah non, foin de l'indulgence. Il se moquait d’elle, n’avait aucune considération pour son rang, détruisait ses humeurs noires à coup de torse viril et de liquide visqueux, cette créature était vraiment démoniaque. Il ne fallait plus s’en approcher. Ni la regarder.
Entreprise difficile tandis qu’André se penchait…
Les yeux azur se firent un devoir sournois de détailler ce…postérieur qu’elle se prit à trouver…intéressant lui aussi. Très, même. Vraiment très…Oh mais foutre ! ARRIERE, SATAN !! Sors de ce corps ! Ce corps bon sang…ce…cette taille ferme, ce torse évasé et musclé, totalement offert à ses regards…et sa farce…
SA FARCE ?!!
Oscar se secoua, tirée de sa léthargie par les mots péremptoires du jeune homme revenu en face d’elle.

- Alors, ces blancs d’œufs Oscar ! Nous avons une FARCE à finir !

La farce, oui…
Incroyable comme cette simple manœuvre donnait chaud.
Trouvant décidément qu’elle n’était pas dans son état normal, qu’il y avait quelque chose d’étrange qui rampait dans les recoins du domaine Jarjayes, la jeune militaire décida de vaincre coûte que coûte. Et ses troubles, et cette recette idiote. La plus forte, toujours !
Pour se reprendre, elle considéra d’un œil hostile l’entreprise de démolition qu’amorçait son compagnon d’armes : armé d’un hachoir, il s’attaqua à la délicatesse de morceaux de volaille pourtant très biens comme ils étaient trouvait-elle. Cela n’avait rien d’appétissant. Que d’efforts pour pas grand-chose vraiment, hormis séparer le blanc des jaunes selon un certaine méthode la cuisine n’avait aucun intérêt.
Avec mauvaise grâce elle écarta néanmoins son armada de jaunes d’œufs, se retrouvant bientôt à la tête d’une texture blanchâtre assez imposante pour en être fière. Et sans coquille dedans. Enfin juste un peu, mais ça donnerait du goût à l’ensemble.

- Il y a des coquilles dedans, observa André en jetant un œil réprobateur.
- Mais non.
- Si.
- M…oui et alors, un peu peut-être, qu’est-ce que cela fait !
- Alors tu les enlèves.
- Que je…mais elles sont minuscules, on ne les verra même pas !
- Les voir non, les sentir sous la dent oui. Enlève les toutes, sinon ce sera immangeable. Et ce n’est pas un rince-doigts non plus, alors utilise une coquille cette fois

Ah bon ! Maintenant il fallait prendre une coquille alors que tout à l’heure, non ! La cuisine était un vaste bordel, sans aucune logique, aucun bon sens, chacun tripatouillait dans son coin et c’était la chance seule qui faisait quelque chose de comestible à la fin. Pas comme l’armée, ou mieux la guerre, notion si réconfortante pour la rationalité car au moins on savait qu’à la fin, les choses seraient pires qu’au début. En cuisine aussi mais avant il fallait mettre les mains dedans et ça, c’était réellement la chose la plus horrible sur terre.
Ne voulant céder à aucun prix, la jeune fille profita qu’il eut le dos tourné pour faire mine d’enlever les brisures d’œufs multiples et variées, touilla vaguement la surface avec la pointe d’un couteau, ne retira rien du tout et cria un triomphant « c’est fait ! » comme tout bon militaire qui se respecte. Malheureusement même forte de cette courte victoire, elle n’était pas au bout de ses peines comme elle allait très vite le constater.

Il revint avec une énorme jatte en terre cuite dans les mains, la posa lourdement sur la table.

- Le fois gras maintenant et la crème double, derrière toi. Passe-les moi.
- Tu…tu ne vas tout de même pas mélanger ces…choses ensemble ? C’est dégoûtant ! La vérité André c’est que tu n’y connais rien du tout, tu fais n’importe quoi pour faire le malin mais je vois clair, ah oui !
- Bien sûr que non je ne vais pas les mélanger ensemble…
- HA !! Je le savais !
- …parce que c’est TOI qui vas le faire. Et à la main je te prie, le foie gras c’est fragile.

Une tempête cyclonique monta progressivement dans le ciel déjà chargé de ses yeux, André serait mort sur place par la foudre si seulement elle avait pu. Elle le mit en joug, au pilori, et le fusilla sans appel. Sauf qu’il ne mourut pas, fait très rare tout de même quand on se sert d’un regard plutôt que d’un fusil. Oscar regretta d’ailleurs infiniment que Grand-Mère ne cachât pas de mousqueton parmi ses pots de rillettes, il faudrait au plus vite remédier à cette carence se promit la jeune fille. Elle dut se contenter de secouer lentement son visage, sans perdre de vue le crotale-André, ce crotalus-Andrenus pour parler comme lui, espèce nouvelle et très très nuisible.

- Alors ça…ça il n’en est pas question…articula t-elle sourdement. Je te préviens André, cette cuisine va connaître une réalité sanglante dans très peu de temps car jamais, au grand jamais je ne mettrais les mains dans ce foutoir.
- Pourquoi, tu as peur ?


Ce sourire ! Ce sourire insupportable, quintessence de sensations puissantes et d’exaspérations pour la jeune fille. Souriait-il comme cela, avant ? Avant quoi au fait ! Avant…avant de voir ce changement en lui, de le voir sans chemise, ce…Bon sang, il avait un de ces sourires ce crotalus ! Il l’utilisait comme une arme, oui exactement ainsi. En était-il seulement conscient, le faisait-il intentionnellement ? OUI !! Bien sûr que oui, comment pouvait-elle en douter ! Une arme…Mais pourquoi alors l’utiliser contre elle, pourquoi lui souriait-il de cette façon ? Elle sentait que cet éclat se plantait profondément dans la région gauche de sa poitrine, cette preuve de féminité qu’elle exécrait, et comme toujours n’entendait pas à ce qu’agissent les évènements sans les maîtriser un tant soit peu.
Elle opposa la noirceur de l’orage à la limpidité du printemps, refusa ces remous obscurs.
Le foie gras ne vaincrait pas.
Elle raffermit ses poings, prête au combat.


- Je n’ai aucunement peur. Il est simplement hors de question que je trempe les doigts dans les substances présentes en ce moment sur cette table.
- Si, c’est exactement ce que tu vas faire.
- Non, sur ma vie. Et tu n’as aucun moyen pour m’y contraindre !
- Oh si…
- Maraud, je voudrais bien voir ça !
- Tu as perdu ton pari Oscar. Tu t’es engagée à honorer ta promesse : trois ordres, trois tous petits ordres ridicules, et au premier tu abdiques. Donc oui, tu as peur.
- Retire immédiatement ce que tu viens de dire ! Ou je jure que tu ne seras plus là très longtemps pour te vanter d’avoir gagné.
- Ce serait plaisant dis-moi, que l’on sache partout que tu refuses de payer tes dettes d’honneur.
- Tu pourras dire ce que tu veux, je n’écouterais pas tes provocations et…et je ne mélangerai rien du tout. C’est moi qui gagne cette fois, moi !
- Tu as tort de dire cela. Méfie-toi…
- Et quoi, des menaces ?! Comme si je te craignais, laisse-moi rire ! Tu n’oseras rien me faire !
- Moi non, mais tu devrais prendre garde à Coco.
- Quoi ? Tu deviens fou, qui est ce C…


Le reste fut coupé net par l’arrivée impromptue d’un de ses jaunes d’œuf artistiquement séparé, en plein sur sa chemise fermée tant bien que mal.
Oscar vit rouge.
Il lui rendait la pareille !! Il avait osé agir comme elle, il ne se laissait pas faire ce rustre !! Alors que le commandement, c’était elle qui le détenait, son père en avait décidé ainsi : Oscar de Jarjayes, UN HOMME !!
Estomaquée, furieuse, sans voix surtout, Oscar le considéra prunelles écarquillées…et plongea sauvagement la main elle aussi dans l’écuelle à Cocos, leurs tous nouveaux camarades de jeu de destruction massive.

Trente, trente petits boulets tout jaune, tout mimi, qui telles des boules puantes dans leurs mains de grands enfants se firent un plaisir d’exploser absolument partout, portés par une précision diabolique commune…

- Espèce de merdaille !! hurlait Oscar, plus ou moins aveuglée mais sentant monter une inexplicable envie de rire. Faquin, croyais-tu que je me laisserais commander sans réagir? Je suis Capitaine de la Gard….

Trois projectiles vraiment tous mous l’atteignirent en plein visage, mais il lui en fallait plus pour se laisser impressionner. Constatant la désertion définitive des petits gars en liquette jaune, Oscar voulut se rabattre aussitôt sur le panier d’œufs, ce qu’il en restait en tout cas, quand une bordée d’épluchures d’Allium ascolipouët lui tomba dessus. Le camp adverse n’avait pas envie d’abandonner non plus à ce qu’il semblait, PARFAIT !! Elle tenta de viser à l’aveugle, jeta un puis deux œufs, quand une chose visqueuse lui caressa violemment la joue : une ablette venait de l’embrasser en plein dans la mâchoire, jetée pas la main non moins habile du jeune homme.

- ANDRE !!!!! Espèce de…

La petite sœur suivit : des poissons ! Attaquée par des poissons gluants !

L’heure était d’une gravité inouïe, alors tant pis : aux grands maux les grands remèdes ! Sans voir très bien à cause de poissons volants tout autour d’elle, Oscar se saisit de carottes et les balança tels des poignards chinois, puis recula vers un bastion encore protégé.

- Non !! Pas les gâteaux de Grand-Mère ! entendit-elle confusément.

OH SI !!!

- Tu vas voir enfin de quel bois je me chauffe, butor !!


Saisissant maladroitement une sorte de génoise pleine de coulis de fruits elle arma son bras vengeur, allait catapulter le tout quand elle tomba à la renverse, s’écrasa avec brutalité sur le tas de gâteaux qui solidaires s’écroulèrent tous sur elle, l’ensevelissant telle une momie dans son tombeau égyptien.
Cela aurait du être moelleux, et pourtant l’évidence la traversa sur le champ : il y avait un poids énorme sur elle, comprimant agréablement sa respiration.
…agréablement ??!!
AGREABLEMENT, MAIS… !!!



Elle étouffait, allait mourir écrasée par les calories d’une pâtisserie énorme, et elle pensait…
AGREABLEMENT ?
Oscar eut du mal à rouvrir les yeux, collés par toutes sortes de substances dont elle ne voulait plus entendre le nom latin, mais bien avant de battre un cil une vérité s’imposa.
Au dessus d’elle, ce n’était pas un gros gâteau particulièrement dodu qui s’était effondré, non, mais bel et bien son attirant ennemi. La tête posée, plus précisément enfouie dans un endroit stratégique de son anatomie révélé par les pans déchirés de sa chemise de nouveau ouverte.
L’esprit confus, elle reconstitua lentement le puzzle.
Il avait plongé sur elle ce traître, pour la neutraliser, bien avant qu’elle puisse lui faire goûter de ce coulis de framboises qui à présent les environnait de partout, il l’avait ceinturé et ne bougeait plus, son visage dans ses bandages.
Elle ne bougea pas non plus, désemparée.
Elle ne savait plus si c’était bien ou mal de penser « agréablement », parce que c’était le cas justement, c’était vraiment très…agréable. Il avait les bras serrés contre sa taille, c’était puissant, c’était…troublant.
C’était collant surtout.
Elle ne fut pas sûre de parler du coulis.
André…
Les yeux d’azur battirent tels de petits papillons englués dans la mélasse d’une toile d’araignée, interdite de sentir toutes ces choses bizarres s’envoler au creux de son ventre comprimé par cette respiration étrangère.
Elle ne vit rien du tout, pas clairement, juste une chevelure ébène pleine de jaune d’œufs. Elle n’avait pas si mal visé après tout. Piètre consolation…car André bougea lui aussi finalement, avec lenteur, et…

Et « agréablement » fit plus que jamais partie de son vocabulaire. Oh, bon sang…


Il se redressa un peu, deux-trois gâteaux dégringolèrent mais il ne parut s’apercevoir de rien. Il n’avait d’yeux que pour…OH, BON SANG ! Oscar devint framboise, devint coulis en constatant que les émeraudes si limpides s’attachaient à ce que révélait le formidable mécanisme humain, ce miracle de la nature : chacun de ses souffles, chose qu’elle faisait pourtant depuis sa naissance sans y avoir jamais songé.
Mais là, tout de suite…deux jolis oiseaux prenaient à chaque fois leur envol sous les yeux du jeune homme et se laissaient admirer, les différents liquides qu’ils avaient reçus ne parvenant pas vraiment à garantir leur discrétion.
Et sans plus sourire André regardait ce qu’elle détestait férocement. Pouvait-on aimer quelque chose à travers le regard de l’autre ? Juste parce qu’on y découvre ce trouble mélange de stupeur, et d’attirance surtout ?
Ou bien n’était-ce que son imagination débridée qui créait cette image, cet André soudain…admiratif.
Devait-elle parler ? Faire quelque chose, c’était certain. Elle soupira, profondément, indécise.
Mauvaise initiative…juste ce qu’il ne fallait pas faire.

- Oscar…

Cette voix rauque ! Il bougea encore, se redressa un peu pour laisser ses yeux clairs couler plus librement sur ses seins délicatement enduits d’œufs battus et d’épluchures, elle-même incapable d’émettre un son à la vue de quelques reliques d’échalote collées à son torse. Elle aurait du rire au moins. Au moins ça, oui ! Leur état devait être indescriptible, elle-même sentait la moitié de son visage prise dans la gangue de trois ou quatre aliments différents. Mais le temps paraissait suspendu, pour Oscar tout se liquéfiait dans la mollesse d’un coulis de framboise et la dureté de bras vigoureux qui ne voulaient plus la lâcher, ce mouvement surtout qu’il fit pour rétablir sa position, sans d’autre appui qu’une génoise incertaine sous eux…

- AaaH !


Un sursaut, et il retomba, maladroit sur cette pente glissante. Elle ne sut plus quoi penser quand ce visage eut gagné quelques centimètres, brutalement échoué dans son cou, pressentant juste qu’elle se devait de réagir sans attendre.
Mais elle n’osa le repousser, précisément parce que ses mains auraient dû venir sur ses épaules nues et que la chaleur était déjà suffisamment insoutenable pour ne pas en rajouter.

- Qu’est-ce que…Grand-Mère va dire…

Elle ne reconnaissait même plus sa propre voix, mais elle avait tout de même réussi à formuler quelque chose ! De pas foncièrement intelligent mais à peu près cohérent.
Hélas elle ne put en tirer aucune vanité, André de nouveau bougeait. Elle…déglutit, bien décidée à…à redevenir…féroce.

- Je…te l’avais dit, balbutia t-elle, je te l’avais dit que je ne mettrai pas les mains sur…enfin, dans…enfin, contre…qu…..qqqqquuuuuuu….que je ne mettrai pas les mains….

Toujours d’une fulgurante férocité, là pas de doute, bravo. Mais un visage invraisemblablement taché de tout était près du sien, au creux de son cou, ailleurs…Elle le devinait, se souvint du sourire de tout à l’heure épanoui sur ces lèvres, ces lèvres qui devaient être…quelque part ?

- Je…j’ai peut-être…perdu…mais je ne mettrais pas les mains…dans…ta farce.
- Oui, Oscar…

Quoi ? Elle en resta muette une poignée de secondes. Il l’approuvait ? Il avait compris ? Il avait murmuré…

- Et j’ai accompli ma première dette…je…j’ai réussi à faire des choses avec le blanc…et les jaunes des œufs…
- Oui, Oscar…

Elle mit peu de temps, à peine une demi poignée, pour comprendre l’incroyable deuxième réplique. Il ne la contrait pas ?

- Je…Je…suis donc quitte…pour cette fois. Et je t’interdis de me redemander quoique ce soit en rapport avec…
- Oui, Oscar…
C’était normal, ça ? Ca, cette chose là, juste là…oh ! Cela recommençait, encore ! Cette très légère et rapide sensation, juste sur sa joue…
Son souffle, à lui, tout contre sa joue…

- Je me…moque de toutes…tes moqueries, parce que…parce que…
- Oui, Oscar…
Yeux grands ouverts, elle accueillit la troisième réplique et cette toute nouvelle autre sensation. Une caresse, juste sur sa pommette…Ses lèvres…elles étaient…là…
Sa bouche articula une phrase muette, il fallait se reprendre, à tout prix, oui…

- Jjjjjjj……
Brillant.
- Jjjjje…ne tolèrerai plus tes…remarques…
- Oui, Oscar…

Son regard devint fixe, alors qu’une douce pression sans équivoque s’écrasa sur sa joue. Un baiser…

- Je…
Et un autre.
- Je…
Ca se déplaçait. Cela bougeait, tendrement…
- Je…suis un homme, ne l’oublie…pas…
- Oui, Oscar…

Ses yeux se voilaient, elle les gardait fixes, sans rien voir, sous ce baiser, et encore un…qui peu à peu descendaient…
- Je vais parler…à mon père, je…annuler ce mariage…absurde…
- Oui, Oscar…

Elle sentit ses reins se vriller, sous la réplique ineffable, là, juste…sur la courbe de sa poitrine comprimée…
- Je…lui dirai…que je suis…son fils. Capitaine…de la Gard…
Son dos se creusa vers l’avant, contre cet autre corps, contre ce baiser qui s’était posé sur le petit bourgeon éclos à travers les tissus.
- Oui, Oscar…
Elle se cambra, raidie.
- …lui dirai que…je ne suis pas…ne serai jamais…une femme.

Son visage bascula vers l’arrière quand son nombril fut embrassé, ses yeux toujours fixes cherchant une réponse vaine au torrent de lave qui ravageait ses os, ne pouvant que fermer son poing sur une génoise qui explosa son coulis un peu plus loin.

- Je…je…eeeeeeeeeeeeeeee…
Sa jambe s’ouvrit, lente et alanguie…

- …eeeeeeeeeeeeee…
- Oui, Oscar…

Un cri sourd et elle ferma violemment les yeux, ses deux poings broyant tous les gâteaux qu’elle put trouver sous l’extraordinaire…


- « HORRRRRRRRRREEEEEEEEEEEEEEEEEUR !!!! »


Les murs de la cuisine tremblèrent soudain, quelques ustensiles se décrochèrent et roulèrent au sol, le reste de génoises tenant encore en équilibre s’affalèrent sur Oscar et André dans un bruit mou : Grand-Mère hurlait à s’en briser le cœur sous la vision de cauchemar.
Ses gâteaux étaient détruits !!!
anéanTIS !!
pulVERISES !!!
ATOMISES !!!!!!!!!!!!!!!!!!

La bâtisse se serait sans doute écroulée tout à fait, si l’œil myosotis ne découvrit au détour d’un dernier écroulement pâtissier, un spectacle charmant : ses deux petits-enfants qui pour une fois faisaient autre chose que de s’étriper. Par contre le cri mourut définitivement sous cette intense constatation : André avait quand même de petits problèmes d’évaluation de hauteur…




****





- Un, deux…trois ! Mon Dieu mais comme c’est amusant. Attendez, je recommence : un, deux…trois ! C’est fou, c’est fou, quelle chose ingénieuse décidément ! Un, deux…trois, un, deux…trois…Aaaaaaaah, c’est merveilleux !

Au beau milieu de la Grande Salle de bal, le Général ne se lassait pas de sautiller à droite et à gauche sous l’œil attentif d’un curieux énergumène. Vêtu de velours pourpre et de nœuds de satin exubérants ce dernier ne cessait de prodiguer des conseils apparemment vitaux en battant la mesure de ses mains :

- Oui, Monsieur de Jarjayes, c’est cela…Non, non le mollet, plus souple ! Un à droite, à gauche oui…ET EN ARRIERE !!! En arrière Monsieur de Jarjayes, en arrière je ne cesse de vous le répéter !!

Docile, le Général légèrement trempé sous sa perruque fauve et la mine parfaitement assortie, exécuta une nouvelle série de pas bondissants en mesure.
- Voilà, c’est mieux.
- Un, deux…trois ! continua le Général, épanoui. Mais que cette nouvelle danse est palpitante ! Comment la nommez-vous, Valse c’est cela ?
- Oui, oui Monsieur de Jarjayes, mais de grâce…EN ARRIERE !!

Ayant un tout petit peu de mal sur le « …trois ! » le Général faisait en vérité du sur place depuis dix minutes, n’arrivant pas à acquérir ce fameux tournoyé si élégant. Il fallait dire que cette danse changeait si fort du menuet…
En tout cas cela prenait tournure : des mets étourdissants, des ornements coûteux dans tous les recoins des pièces, des invités à ne plus savoir qu’en faire…et cette danse tout simplement avant-gardiste, que nul en France ne dansait encore ! Le nom de Jarjayes allait entrer dans l’Histoire. Il fallait juste un peu améliorer sa technique ; le Maître à danser Monsieur de Tolbiac semblait partager également cet avis


- Tournez, mais tournez donc ! Ce n’est pas d’une bourrée auvergnate dont il s’agit, voyons ! La Valse Monsieur de Jarjayes, la Valse ! Léger, aérien…
- Et en arrière, oui oui, je sais mais j’ai du mal !


Bien que follement amusante, la petite séance se calma au bout de quelques minutes faute de combattants. Le Général n’en pouvait vraiment plus…mais ne voulant pas l’admettre il eut une soudaine inspiration.

- Ma fille !!! Il faut absolument que je montre à ma fille cette délicieuse trouvaille ! De plus vous allez lui donner quelques cours, à Monsieur de Girodelle aussi si je mets la main dessus un jour. Il a disparu, c’est étrange mais depuis ce matin je le cherche partout…BON !! Je reviens. La Valse ! Ah quelle perfection. Un, deux…trois ! La Valse, et en arrière, oui…OSCAAAAAR !!!! Où êtes-vous donc, chère perle de Normandie, il faut que vous voyiez cela !!

Oubliant avec une singulière constance que la demeure était vaste et que les personnes se tenaient rarement derrière ses talons, le Général s’étonna de ne pas voir accourir son enfant chéri au premier appel. Aucune importance, il se mit à beugler à travers les couloirs toujours pourvus de toutes sortes d’artisans, cria à tous vents exercice qu’il prisait également beaucoup.
Et bien sûr arriva dans la cuisine, ce lieu plus fréquenté que le Salon des Courtisans de Versailles, faillit buter sur une Grand-Mère immobile et silencieuse, en contemplation devant un amas de gâteaux aux fruits.
Le Général, interdit, tendit le cou vers ce qui s’apparentait plus à une guerre d’extermination de la race pâtissière qu’aux prémices des préparatifs d’un bal, et découvrit enfin ce que contemplait la vieille dame.

- Ah ! Oscar vous êtes là, je…tiens André, mais vous aussi ? Heu ??…mon garçon…vous n’auriez pas quelques petits problèmes d’évaluation de hauteur, non ?



****




Cette fois c’était décidé, elle changeait définitivement de cible : c’est elle-même qu’elle allait tuer.

La honte avait déjà fait une première partie du travail de toute façon, il serait simple de s’achever sans trop de dommage dès l’occasion venue.
Oscar ferma les yeux.
Sans bouger, comme cela, étalée dans son berceau de génoises, elle ferma les yeux.
Mourir, oui.
Sans plus attendre.
Pour oublier les regards de Grand-Mère qui pesaient sur elle, ceux de son père, arrivé bien entendu telle une gigantesque cerise sur le gâteau de ses confusions. Mais surtout…oh oui surtout pour oublier le visage d’André égaré entre ses…jambes.

Oh mon Dieu c’était encore pire quand elle formulait cette…ARRRHHHH !!! Plus jamais d’ « agréablements », plus jamais elle ne les utiliserait de sa vie, PLUS JAMAIS !!!
Et pourquoi alors, pourquoi son corps lui hurlait le contraire, le lui cria toujours plus quand le jeune homme se détacha enfin d’elle, pourquoi ce tremblement singulier à l’évocation de ce qui serait arrivé si ils n’avaient pas été dérangés, si…ARRRRRHHHHHHH !!!!

Mortellement touchée dans ses convictions, elle se laissa relever…par André. Touchée…par André…
Cela devenait du plus haut dramatique : chaque fois c’était comme une décharge d’énergie inconnue qui la laissait amoindrie dans ses volontés de suicide. Ou alors, quitte à mourir, que ce soit dans ses bras et…
FOLLE !!! Elle perdait la raison, plus encore quand elle vit enfin le véritable état…d’André.
Ce n’était pas normal : tous les bouts d’aliments qu’il avait sur lui se liguaient pour le rendre encore plus…oh NON !!! Il ne fallait pas trouver le mot, surtout pas trouver le mot !! Regarder ailleurs, ne pas voir la peau douce et rude de ses pectoraux enduite de choses si délicieusement…et elle avait eu CA sur elle, à l’instant, entre ses…

UNE HACHE, MON ROYAUME POUR UNE HACHE !!!

Mourir, pour ne plus ressentir cette tendre effervescence tout au creux de ses reins. André…si changé…alors qu’il était ce débiteur de « fillette », il était son frère, son compagnon de jeux, d’armes et de colère, il ne pouvait PAS être autre chose, il ne pouvait avoir laissé tant de douceur sur sa joue, ni entre ses…

AAAAARHH !
A force de décider de ne pas le regarder elle ne voyait que lui, et la constatation évidente que lui aussi la fixait intensément. Confuse elle ferma les plis de sa chemise, s’attacha aux propos de son père pour quitter le dangereux pays des sensations…

- Et alors, tout ceci ne fait pas notre affaire ! L’état de cette cuisine est pitoyable, je fais appeler du monde pour nettoyer.
- Il n’en est pas question !! protesta Grand-Mère en pointant un doigt accusateur sur ses garnements. Ce son eux, eux seuls les fautifs aussi ils se doivent de faire face à leurs responsabilités ! Vous entendez Oscar et André ? Vous allez immédiatement nettoyer tout ceci, mais par tous les Dieux quand cela sera fait ne touchez plus jamais à aucun des aliments présents dans cette cuisine !

Le Général, pourtant adepte dans un passé pas si lointain de sanctions exemplaires, ne parut pas vraiment satisfait pour une fois.
- Mais…mais il faut que je présente sur l’heure ma fille à Monsieur de Tolbiac ! Qu’il l’initie sans attendre à l’exercice le plus amusant qui soit sur terre. Et puis qu’elle se change, mon dieu, Grand-Mère foin de ses basses besognes de nettoyage, vous devez officier auprès d’elle pour lui faire revêtir enfin les atours qui sied à sa condition merveilleuse ! Et pensez aussi à me repréparer de votre envoûtante blanquette chère douce, j’en suis fou…

Il se dressa soudain, de ce lyrisme qui les remplissait d’épouvante sans cesse amplifiée par la perruque.

- HARDI, oublie tes chaînes Ombre Servile, méprise le pain de savon qui t’avilie ! Jette l’éponge, lève-toi et marche ! Un vent nouveau souffle sur Jarjayes, le soir de Bal est arrivé ! Ou presque. Alors que vous fidèles compagnons de fortune, soyez les témoins de ma gloire, sans plus user vos mains délicates aux tâches indignes de vous. Vous Grand-Mère, à l’étage ! La modiste doit s’impatienter depuis ce temps infini. André, Oscar, venez !! Changez-vous, venez ! Oh et puis non : passez-vous un peu d’eau cela ira très bien. De la hâte en toute chose, lorsqu’un plaisir se présente il ne faut point le faire attendre, à bon chat bon rat n’est-ce pas. Vous allez voir ce que danser veut dire. Monsieur de Lully est un Âne, comparés à cette Valse ces menuets ne sont que broutilles couillonnes ! Un, deux…trois ! Et en arrière ! Et du mollet, Monsieur, du mollet oui !




****



Un instant Monsieur de Tolbiac crut avoir la berlue : dans quel guêpier s’était-il fourré ? Lui, Maître à danser des puissants d’Europe jusqu’à la Cour de Russie, devrait apprendre les subtilités de la Valse…à deux hommes ensemble ?!! Mais que nenni ! Il se devait de garder un tant soit peu de moralité au sein de cette aristocratie qui en avait déjà si peu, jamais au grand jamais il ne se ferait complice d’une telle abomination ! Voyant Oscar et André faire leur entrée il allait se récrier d’effroi et certainement se trouver mal, quand les gesticulations de ce de Jarjayes coupèrent court à toute initiative.

- Cher Maître, cher Maître souffrez que je vous présente ma fille, Oscar de Jarjayes, fierté de mes aïeux, et Capitaine de la Garde de Ses Majestés je vous prie !

Tolbiac eut un haut le corps très artistique grâce à des années de discipline impitoyable. Une jeune fille…cela ?? Accoutrée…oh bonté Divine, était-ce des traces d’œufs ci-devant ? Mais…huuu…n’était-ce pas également les promesses d’une des plus adorables poitrines, ci-devant ?
La chose méritait réflexion après tout. Une aristocrate, tout de même. Certes un peu...insolite, et militaire qui plus est, la décadence était décidément partout mais…elle avait l’écoute de Ses Majestés. Non négligeable cela. Peut-être pourrait-il habilement lui glisser cette méchante affaire de dettes…
Raffermissant le jarret et bombant la croupe, il alla sans hésitation à la rencontre d’Oscar et s’inclina devant elle comme s’il fut face à la Tsarine.

- Mademoiselle de Jarjayes, ce sera pour moi un honneur que de vous faire connaître les quelques talents que me prête la bonté de Monsieur votre Père.
- Comme il est aimable ! s’extasia le Général, puis se tourna vers sa fille. Allez-y ma chère enfant, n’ayez aucune crainte : j’ai moi-même esquissé mes premiers pars tantôt, vous allez voir c’est ébouriffant ! Un, deux…trois !

Avant de comprendre clairement ce qui arrivait, Oscar se sentit ceinturée par l’énergumène aux rubans et entraînée dans un tourbillon infernal, trop pour ses esprits déjà à l’envers. Et son père qui scandait la mesure…

- Un, deux…André, allons ! Ne soyez pas timide essayez vous aussi, c’est si amusant ! Pas avec moi bien sûr, haha ! Monsieur de Tolbiac montrez-lui, oui montrez-lui avec Oscar, qu’ils dansent tous les deux c’est cela, c’est…
- NON !!!

Tout le monde se figea, sous ce cri si inhabituel. Fait de fragilité et d’un rien d’affolement . Oscar, Capitaine de la Garde, reculant devant l’ennemi…
Ce tendre ennemi, le plus doux et dangereux qui fut.
Monsieur de Tolbiac l’avait lâchée, arrêtée en pleine élan juste sous le nez d’André qui la fixait, dans le silence de ses yeux de printemps.
Oscar en fut renversée, et elle secoua la tête sous la menace terrible qui pulsait dans ses veines. Ne plus jamais le toucher, non.

- Non…murmura t-elle, soudée involontairement à cet éclat émeraude. Je ne…veux pas danser avec…lui.

Elle serait perdue, si jamais elle le touchait ce serait la fin de l’homme qu’elle voulait rester, alors…non.

- Je suis fatiguée père, je…

Elle sortit en courant, laissant les trois homme stupéfiés de ce qui ressemblait plus à une fuite qu’à un caprice de jeune fille.

- Et bien, qu’arrive t-il ! s’exclama aussitôt le Général, comme désemparé. André sais-tu quelque chose ? Est-elle contrariée ? Je ne comprends pas, une si jolie danse que cette Valse, comment ne pas vouloir…oh mais j’y suis ! La pauvrette a l’impression que je la néglige, que je ne m’occupe pas assez d’elle. Avec tous ces préparatifs je n’ai pas été très présent il est vrai…et Monsieur de Girodelle qui me cause également du soucis…Je serais décidément un père dénaturé jusqu’au bout. Mon Dieu comment me faire pardonner à présent ? Que puis-je encore inventer pour consoler ce cœur pur…mais…mais je sais !!

Comme sous l’effet d’une illumination divine, ce qui en vérité était parfaitement le cas, le Général de Jarjayes se tourna vers André et Monsieur de Tolbiac, tous deux saisis par la vision quasi mystique de cette perruque ardente.

- Un Bal Masqué !! Voilà ce qui la divertira et me rachètera à ses yeux ! Mais oui, des costumes, des masques, elle va adorer ! Ah mon Dieu je suis un génie…




****



- …et modeste avec cela ! persifla Vénus observant la scène du haut de ses nuées. Cela n’est pas trop tôt, il a enfin capté MON idée de génie.

La Déesse se tourna vers Cupidon.

- Bien, voilà qui est fait. Personne ne songera à s’étonner de ton « costume » de Dieu d’Amour. A présent que la chose est réglée tu vas pouvoir aller dire à Apollon que s’il continue à jouer avec la nourriture, je…
- Oui, vous quoi ? demanda l’angelot devant l’hésitation.
- Rien, tu es bien trop jeune pour entendre ça, ce n’est pas pour les enfants. Dépêche-toi maintenant, cette Oscar nous donne du fil à retordre. Mais je la comprend : des génoises au coulis de framboise…ppffff……mais c’est d’un élégant, vraiment…

Oscar qui justement courait à l’étage, tournait à l’angle vers ses appartements, et fut brusquement saisie par le poignet.

- Mais que…
- Chuuuuut !

Un claquement, un doigt posé sur ses lèvres et ce fut le noir.
Le noir du placard à balais…





 
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