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  7. Un amour de dessert
 



Chapitre VII.
     Un amour de dessert.
 
 


Ainsi c’était CA, Jarjayes ?

Il n’y comprenait plus rien.
Une impression de déjà-vu l’imprégnait malgré ses souvenirs encore brumeux, le tout tenant en quelques mots concis : sobriété, élégance, maintien. En aucun cas cette espèce de foire aux bestiaux s’étalant outrageusement sous ses yeux.
Monsieur de Fersen ne s’étonnait plus de grand-chose à une époque où la dernière folie tenait lieu de normalité, mais là il y avait tout de même de quoi s’épouvanter, ou à défaut être carrément tenté de prendre ses jambes à son cou.
Car ce domaine, dans son souvenir si tranquille de splendeur architecturale, paraissait aujourd’hui gagnée d’une frénésie débordante à forte tendance psychopathe.
 
Des cuisiniers partout, qui tranchaient  en souriant des têtes de canard et diverses volailles.
Des jardiniers en sueur s’acharnant sur les bosquets et les fontaines comme si leur vie en dépendait.
Des perruquiers l’article à la main se criant des injures réciproques.
Des lingères aux visages rubis s’échinant à repasser des kilomètres de jupons.
Des gantiers, des vendeurs de bas s’ingéniant à trouver un responsable.
Des confiseurs.
Des rôtisseurs.
Des courtisans, se haussant sur la pointe des pieds pour tenter de commenter l’incroyable nouvelle.
 

Que Monsieur de Fersen ne mit pas longtemps à connaître, et qui le laissa définitivement sans voix.
Happant le bras d’un gamin chargé comme une bête de somme il reçut la révélation en pleine face.
 
- Mazette, par la barbe du curé vous ne savez pas encore ? Vous êtes bien le seul Monseigneur ! Vous savez donc vraiment point ? C’est Jarjayes, le père Jarjayes qui marie sa fille cadette ! Une histoire pas croyable : hier c’était un gars, et voilà t-y que toc vlan paf, c’est une fille ! Comme ça, en une nuit !
- Quoi ?!!
- Ben oui, comme je vous le dis. Avec les autres, à l’office, on en revient toujours pas. Surtout que faut la voir la fille, gironde et tout, une belle fricassée vous pouvez me croire même si elle veut casser la tête à tout le monde en ce moment. Elle hurle à tout va, mais bon dieu c’est une beauté !
- Je ne comprends vraiment rien…Bien, mon garçon dis-moi au moins où est le fils du Général.
- Quoi ?!!
- Quoi, « quoi » ! J’ai l’air de demander la lune ? Le fils du Général de Jarjayes, le Capitaine Oscar j…HEY !!! Non mais es-tu fou ? Tu te moques ? Arrête de rire, et reviens, reviens sur le champ c’est un ordre !
 


Le gamin était déjà loin, avalé par la cohorte de domestiques hystériques.
Non mais, ce rire de dément ! Il n’avait rien de comique que diable, sa mise était correcte : il avait réussi à passer en coup de vent à sa demeure pour se munir d’une tenue quelconque, son bon goût naturel avait inconsciemment fait le reste. L’élégance était intacte malgré les derniers évènements fâcheux. Il ne s’en était pas trop mal sorti à dire vrai. Le jeune Comte avait encore dans l’oreille les cris de harpie de cette vierge folle qui, non contente de l’idolâtrer, avait voulu absolument lui faire prendre un bain. En d’autres temps il n’aurait pas dit non, mais cette éventualité avait définitivement été écartée en voyant le regard torve de la dame s’alanguir  impunément sur les reliefs de son pantalon. Il n’était pas homme à s’arrêter au seul physique, la notion de beauté englobait quantité de choses pour lui. Cependant il existait tout de même un minimum syndical et se faire récurer le bas du dos par une laideur à moustache n’entrait dans aucun de ses critères pourtant nombreux.
 
Aussi il s’était lancé à corps perdu vers la sortie, au grand désespoir de cette curieuse personne au nom de fleur composée. Hortense-Marie…brrrr. Heureusement qu’il avait de grandes jambes, il l’avait semé assez rapidement.
Mais était-ce une bénédiction après tout, pour ensuite débouler dans cet endroit à l’étalage obscène de pâtisseries occupant tous les recoins des allées ? Il se frayait avec grand mal un chemin parmi la houle ininterrompue, avec pour seule idée de trouver Grand-Mère, puis cet Oscar. Et accessoirement un endroit calme pour le tuer.
 


****
 


Grand-Mère était venue, elle avait vaincu, lui restait à voir.
Voir toute l’étendue de sa science faire son œuvre de lente destruction, pour mieux reconstruire des lendemains qui chantent. Ça allait même roucouler en terme de chant bien que quelques plumes ne manqueraient pas de voler au passage. Pas plus délectable qu’admirer de jeunes mâles éprouver leurs forces pleines pour conquérir leur territoire de séduction…Mais une chose à la fois : en premier, voir !
 
Poings sur les hanches, l’aïeule se planta devant l’invisible champ de bataille, c’est-à-dire la table. Au demeurant les hostilités n’avaient pas encore été déclanchées, les adversaires jaugeaient le terrain : Oscar et André, la mine gourmande mais suspicieuse, considéraient méthodiquement l’assiette disposée devant chacun d’eux. Chose inhabituelle, car en principe tout aliment posé disparaissait aussitôt dans l’œsophage. Archimède aurait même pu en faire un axiome.
Mais là, tout de suite, le moindre philosophe en toge aurait bien pu aller se rhabiller face au triomphe des sens sur l’esprit, ces deux terreurs redevenus de grands enfants pur sucre. Ils fondaient littéralement devant l’assemblage enchanteur.
De la vanille, des parfums de miel, un soupçon de cannelle, du beurre frais légèrement salé…
Une simple poire, mais trônant sous un fin manteau de caramel, luisante, fondante de tiède vapeur comme heureuse de s’offrir à la bouche curieuse, dotée d’épices aussi discrètes que complexes : anis étoilée, réglisse, quelques grains de poivre blanc. Et le craquant d’un éclat de noisette, grillé puis savamment éclatée sur la chair tendre du fruit, appelant la gourmandise, la magnifiant, grâce à la vertu démoniaque d’un sanglot de chocolat fondu enveloppant le tout.
 

- Alors ? Mangez donc votre petit-déjeuner au lieu de regarder stupidement. Votre journée sera rude, prenez des forces.
 


Rude, assurément…
A dire vrai Grand-Mère ne maîtrisait pas réellement tous les tenant et les aboutissant : si elle se doutait plus ou moins de l’effet final sur André, il n’en était pas de même pour la jeune fille. Cette dernière était si…comment espérer prévoir les réactions d’un volcan en sommeil ? Sa volonté de fer étranglait si soigneusement  une nature féminine pourtant prometteuse, que la plus petite incursion dans le domaine des plaisirs terrestres était vue pire que le pire des déshonneurs absolus. Cette jeune personne était coriace, il faudrait sans doute plus que quelques douceurs frelatées pour suivre un penchant enfin digne du beau sexe. Quand à l’autre…
 

Les cuillères s’approchèrent du monticule savoureux, l’éraflèrent avec tendresse en bousculant l’osmose chocolatée, prêtes à délivrer la bouchée parfaite, unique, où se répondraient les arômes complémentaires. L’aïeule sourit. Les chers petiots ignoraient que dans ce chocolat se cachaient aussi de troubles mélanges, qu’elle était toute spéciale cette cosse de cacao, dotée d’un pouvoir sombre et suave appelant les pulsions subtiles…
 

Oui, quand à l’autre : elle savait André suffisamment gourmand pour boire allègrement à la source même de ce qui rend la vie digne d’être vécue, ces plaisirs sucrés dont secrètement elle fourbissait l’arsenal ravageur. Il se laisserait prendre, à n’en pas douter. Il y réagirait. Mais jusqu’à quel degré ? Cela par contre elle l’ignorait encore, car elle devinait chez son petit-fils une nature passionnée peu encline à la demi-mesure. Elle jouait avec le feu…et elle adorait ça ! Elle se sentit l’âme d’un Néron soudain, prête à foutre le feu à tout ce qui passerait à sa portée, avec l’immense tendresse d’apprentie friponne qu’elle était. 
Voir.
 

Ce fut André qui le premier fit disparaître sa bouchée, suivit d’une autre, pour à la troisième laisser échapper d’une voix sensuelle et rauque, un « Waow… » stupéfait.
Il laissa s’épanouir sur ses lèvres viriles un curieux sourire et contempla cette poire comme la plus désirable des filles que la terre puisse porter, l’émeraude de ses yeux avivée d’éclairs de volupté. Lentement, presque au ralenti, il cueillit de nouveau une cuillérée délicate en la dévorant des yeux, suivit avec délectation les méandres du chocolat chaud sur la chair blanche semblant déclancher une nouvelle éruption de plaisir intérieur, mordit légèrement son sourire de manière irrésistible puis, fermant les yeux comme malgré lui, porta à sa bouche l’innocent petit ustensile et le suça puissamment…
 

Oscar, elle, déglutit avec difficulté.
Elle ne regardait ni à droite, ni à gauche. La respiration difficile elle paraissait hésiter en proie à quelque dilemme secret. Grand-Mère se douta qu’il s’agissait précisément de cela. Elle luttait, cette belle guerrière, indomptable amazone qui brusquement se trouvait devant l’ampleur d’un désastre annoncé : la faiblesse humaine.
La faiblesse humaine dans toute sa splendeur, incarnée par un dessert diabolique. Le fruit interdit.
Cette poire redevenue la pomme aux éclats lascifs ayant déjà fait chuter Eve dans ses plus vaillantes résolutions ! Ce fruit vêtu de chocolat que sa cuillère déshabillait impunément, révélant la perversion délicieuse du caramel pour mettre totalement à nu ce cœur juteux et fruité. Résister ? Ou se soumettre…se soumettre à l’extase de ses papilles traîtresses qui sourdement prenaient le dessus ?
Grand-Mère vit les joues délicates se teinter de rose à mesure que les bouchées disparaissaient ;  mais le front lisse s’assombrir aussi, devant la toute petite faille qui demain créerait un gouffre gigantesque, face à son inaptitude de résister comme elle le faisait toujours. Ce n’était pas joyeux chez elle, contrairement à André qui lui s’épanouissait un peu plus au fil des secondes, des minutes.
Un silence indéfinissable régnait, juste froissé par les murmures du jeune homme qui décidément montrait clairement l’ardente satisfaction de la dégustation.
 

Le souffle de plus en plus oppressé Oscar leva la tête…et resta bouche bée, la cuillère en suspend : le rose devint cramoisi à la vue du visage aux yeux clos de son compagnon d’armes, tant cela dut lui paraître troublant, presque intime. Décontenancée elle en laissa tomber sa cuillère et se leva brusquement, maladroite, comme une jeune pucelle prise en faute. Une chaise tomba, ramenant André à la réalité. Juste un peu.
Lui se laissa tomber contre le dossier, le regard légèrement brumeux sourdant de ses paupières alourdies.
 
- Bon Dieu…exhala t-il de manière décidément très sensuelle, accentuant son sourire d’extase.
- Mais qu…qu’est-ce qu…


Oscar porta une main à son front, perlé de sueur, déglutit péniblement encore une fois et passa un index dans son col. Résister ! Avec un rien de satisfaction la vieille dame constata la contraction des mâchoires délicates, preuve qu’elle ne se rendrait si facilement. Tant mieux. La lutte commençait vraiment à l’enthousiasmer.
 
- Grand-Mère ? Grand-Mère, vous êtes là ?
 

Un bel accent, doté d’un non moins beau propriétaire et d’un pas lui aussi extraordinairement séduisant, résonna au loin dans les couloirs. Un magnifique jeune homme s’encadra bientôt, qu’Oscar agressa aussitôt verbalement comme elle put pour se redonner un semblant de contenance.
 

- Vous ? Ici ?
 

C’est décidément avec ce genre de phrases que se nouent les plus horribles intrigues.
 


Monsieur de Fersen pila net, comme saisi par ce tableau insolite : tudieu, le jeune Capitaine de Jarjayes, dans la cuisine, aussi mûr qu’une tomate de Provence ! Et par tous les diables, avec ses longs cheveux, ses yeux luisants de surprise, sa bouche entrouverte…non, il perdait l’esprit ! Voilà qu’il imaginait de curieuses choses, que ce jeune homme pouvait être…mais non, c’était sa jeune sœur que l’on devait marier ici, certainement. Son mal de tête lui jouait des tours. Pourtant, même cette voix incertaine paraissait moins grave, moins neutre, moins….
 


- Avez-vous perdu la langue ? Puis-je savoir pour quelle raison vous me dévisagez ainsi ? Vous êtes venu pour vous battre, c’est cela ?
- Ooh, Monsieur de Fersen, mais comme c’est gentil à vous de passer me voir !
 

Sans souci pour une Oscar toute suintante de colère et d’effets secondaires épicées, Grand-Mère alla au devant du visiteur avec un sourire candide, de ceux que vous donnent les vieilles dames innocentes et sans histoire. Fersen devait vraiment avoir très mal à la tête car il s’y laissa prendre, sans remarquer les deux prunelles de nouveau très fleur carnivore derrière les binocles.
 
 
Pauvre petite mouche suédoise…elle se laissa prendre sans arrière pensée par le miel de paroles anodines.
 

- Vous avez la mine chiffonnée aujourd’hui, s’inquiétant aussitôt la vieille dame en le prenant par le bras pour le faire asseoir. Des difficultés à dormir ? Ne me dites pas que vous êtes inquiet pour ce duel…elle baissa le ton à sa seule intention. Ne vous inquiétez pas, Oscar non plus n’a pas dormi…Vous verrez, ses réflexes ne sont plus aussi flamboyants qu’à l’accoutumée : hop, un trou là, une blessure de l’autre…vous n’aurez aucun mal à le trucider vous allez voir.
 

Tout cela fut très gentil mais ne fut pas du tout, mais vraiment pas, du goût d’Oscar qui désespérément essayait d’agir sur ce double front, reprendre la maîtrise des évènements et s’empêcher de desserrer son jabot qui l’étouffait de plus en plus.
 
- Bon Dieu Grand-Mère mais je peux savoir ce que tu fais ? Tu connais cet homme ? D’où le connais-tu, réponds !
- Mon petit Oscar cela commence à bien faire, as-tu fini de t’époumoner de cette façon ? Tu vas attraper du mal. Je connais ce Monsieur, oui, un point c’est tout. J’ai passé l’âge de te rendre des comptes il me semble. Installez-vous mon cher Fersen. Vous prendrez bien une petite poire ?
- Non, MAIS NON ! protesta immédiatement Oscar.
Faisait-elle le rapprochement avec ses propres sensations, sur ce que cela pouvait également créer chez ses homologues masculins ? Pas si sûr. Oscar était si innocente…
C’était plutôt le contretemps qui la mettait hors d’elle, constater surtout que pour une fois ce n’était pas elle qui commandait.
 
Docile le Comte de Fersen prit place, à vrai dire les narines chatouillées d’irrésistible manière, plus encore en voyant le troublant dessert surgir devant lui comme par un tour de passe-passe.
Il huma, la noisette lui fit de l’œil, le caramel l’aguicha de sa gambette légère, le chocolat pas en reste pour faire exploser ses arômes….
 
- Waow…
 

Oscar perdit tout sang-froid après quelques bouchées dès qu’elle vit les symptômes d’André se manifester à l’identique chez cet homme. Tiens au fait, André…il souriait béatement sur son siège, regardant le plafond de la cuisine comme celui de la Chapelle Sixtine. Mais là où la jeune fille manqua s’étouffer fut de s’apercevoir que les prunelles émeraude n’avaient rien de bien catholiques…
Telles les digues d’un fleuve se pulvérisant sous le courant, la colère d’Oscar ne connut plus de limite : elle arracha cuillère et assiette des mains de Fersen, balança le tout par la fenêtre ouverte, et pointa sur lui un index militaire des grands jours.
 

- Vous ! Debout ! Vous vouliez vous battre ? Alors dehors ! C’est maintenant !
Elle pointa André.
- Toi ! Ôte ce sourire de ton visage ! Dehors aussi ! Dès que j’ai fini de battre Monsieur ce sera ton tour !
Elle regarda Grand-Mère.
- Et toi ! Dès que j’ai embroché ces deux nigauds il faudra qu’on se parle ! Sérieusement ! Vous autres, dehors ! Plus vite ! Du nerf ! Tout ça est mou ! Jarjayes est mou, ce mariage est mou, je déteste ce qui est mou, ventrecul je vais tout changer !!! Dehors vous dis-je ou je vous provoque ici même ! Cette cuisine a faim de sang frais, et moi aussi ! Dépêchez-vous, je n’ai pas que ça à faire ! Après, ce sera mon père ; et Girodelle ! Mou, tous mous !! DEHORS !
 


Cette fois rien ne lui tomba dessus, ni balais ni plumeau, elle réussit une splendide sortie digne des plus grandes tragédies antiques.
Fersen, le sourire comme illuminé de l’intérieur par les douceurs se jouant sur sa langue, regarda vaguement André avec une profonde sympathie.
 
- Et vous devez subir cela tous les jours ? Ce caractère je veux dire…
- Ça ? Mais vous n’avez encore rien vu. C’est juste une mise en jambe. Vous allez la voir tout à l’heure se battre, et l…
- « La » ??????
- Ah oui, vous ne savez pas encore, vous êtes bien le seul….
- Va-t-on cesser de me dire cette phrase ! Que dois-je savoir par tous les diables, et que j’ignore ?
- Bah vous le saurez bien assez tôt, conclut André en se levant.
Il s’étira, longuement.
Pas sous l’effet de la fatigue, non : mais de telle façon que la moindre donzelle aurait immédiatement perdu sa virginité rien qu’à regarder la chemise magnifiquement tendue par le jeu musculaire en dessous. La bombe était amorcée, et la mèche foutrement prête à faire un carnage.
 
- Où va-t-on quand on se bat en duel ici? questionna encore Fersen.
- Venez, je vous montre. Après tout je dois prendre le relais dès le combat fini, alors autant regarder pour passer le temps. Vous vous arrêtez au premier sang n’est-ce pas, comme le veut la tradition ?
- Mordiou, mais non, jusqu’à la mort !!
 

Les deux hommes se retournèrent, sidérés par l’exclamation de Grand-Mère.
 
- Pardon ? articula André ayant peur d’avoir bien entendu, ce qui était le cas.
 


L’ardente aïeule se planta fièrement, de ce rien de malice qui à la longue commençait à devenir inquiétant.
- Et quoi ! Ne dis-tu pas qu’Oscar t’agace à perte de vue désormais, que chaque jour est un calvaire sans fin en sa compagnie ? Et bien voilà l’occasion. C’est pourquoi j’ai demandé à Monsieur de Fersen de tuer l’effronté jeune Capitaine, et qu’on en parle plus.
- A ce propos, Grand-Mère…hasarda le vaillant suédois, perdu dans ses rêves de plénitude gastronomique et sourire aux lèvres, …vous croyez réellement que c’est une si bonne idée ? Après tout je peux le blesser s…
- Ah non ! Tuez-le, nous n’allons pas y revenir !
- C’est un peu radical tout de même…
- C’est ce que j’allais dire, approuva le jeune brun.
- Ah mais vous êtes formidables vous les hommes ! explosa la vieille dame. Vous passez votre temps à jouer les jeunes paons, fiers de vos petites épées à les faire tournoyer au dessus de votre tête de vos bras musclés, et lorsqu’il s’agit de passer vraiment à l’acte, hop, youp, plus personne ! Partis ! Finis, pfout, envolés les petits paons ! Bon sang mais êtes-vous des fillettes vous aussi ?
- Là elle n’a pas tort…admit André que ce mot fit sourire de manière voluptueuse.
Fersen n’eut pas l’air vraiment perméable à l’argument.
- Tout de même…il ne f…
- Aaaaaaah mais vous me fatiguez tous les deux !! coupa l’affolante vieille dame. Allez, zou ! Dehors ! Oscar vous l’a dit : à bas le mou ! Alors de la fermeté Mordiou ! Filez d’ici avant que je ne m’énerve, et faites ce qu’il faut. Sinon plus jamais vous ne goûterez mes desserts !!!
 


La malédiction divine n’aurait pas agi aussi efficacement, ils sortirent sans demander leur reste. Cette poire….mmmmh….et jamais ne plus pouvoir y laisser l’empreinte de leurs lèvres ? Impensable.
 


L’aile Est du parc tenait du miracle : aucun pâtissier susceptible, aucune modiste prise d’hystérie collective, pas de jardiniers, de volaillers, de perruquiers.
Rien du tout.
Juste les petits oiseaux, les feuilles, les arbres et le vent. Qui justement firent le plus profond et respectueux silence quand trois silhouettes se mirent en place gravement. Enfin juste deux. La troisième, André, alla étendre confortablement se longues jambes à l’ombre d’un chêne, mâchonnant un brin d’herbe qui aussitôt mourut de plaisir d’être ainsi coincée dans cette bouche séduisante. Inconscient de son intense pouvoir de séduction sur les graminées des champs, le jeune homme se cala confortablement, comme au théâtre, pas ému pour deux sous.
 


- Allez-y Fersen ! encouragea t-il au contraire. Ne vous laissez pas impressionner !
 

Un index vengeur le repointa aussitôt.
 

- Toi, tas-toi ! Ce sera ton tour plus tôt que tu ne le crois,  tu feras moins le fanfaron alors ! Et vous, en garde !
 

A la place Monsieur de Fersen s’étira, à l’immense admiration d’une colombe qui en oublia de voler en biais et fonça droit contre une branche.
 

- Bon sang…je me sens incroyablement bien ! exhala le Comte, son mal de crâne envolé comme par magie.
 


Et Oscar qui décidément ne voyait rien de toute cette mâle beauté environnante…En réalité elle bataillait moralement contre l’envie dévorante de dénouer son col de chemise, et plus si affinité, à son grand désarroi. Jamais elle n’avait eu si chaud de sa vie, sauf peut-être dans ce placard à balais récemment…sa colère s’en attisait davantage. Et cette maudite chaleur d’autant… : Oscar sut enfin intimement ce qu’était un cercle vicieux.
Sourde à ses infâmes pulsions elle brandit sa lame farouche.
Le Comte de Fersen en fut tout saisi : ces longs cheveux blonds, le délicat visage éclairé par le soleil, cette taille décidément bien prise, les jambes. Il fut tenté de pousser un « Waow… » mais se secoua. Il devenait fou, soit ! Par contre, tuer cette merveille…il mollissait de plus en plus, moralement s’entend. Pour le reste, jamais il n’avait connu pareille forme. Tout lui paraissait splendide soudain, la vie elle-même était un joyau précieux, les fleurs étaient si parfumées, et puis ces jambes bon sang…
 
- Mais avez-vous fini de me fixer de cette façon ? EN GARDE, YAAAAAAAH !!!!
 

La foudre, la tempête, les éclairs.
Ce charmant concentré s’abattit sur le jeune Comte. Mais il en avait vu d’autres ; l’œil était clair, le poignet souple : il sortit indemne de la première attaque. Mais pas sa manche. Une longue estafilade la faisait à présent lamentablement pendouiller jusque sur son avant-bras. Loin de le vexer il salua l’habileté.
 

- Capitaine, joli ! Mais je suis navré : je vais devoir vous rendre la pareille.
Un éclat de rire insolent lui répondit.
- Aha mais écoutez-vous ! Pour qui vous prenez-vous, espérez-vous m’atteindre si aisément ?
 


La deuxième attaque fut tout aussi fulgurante, et fatale pour un bout de tissu, encore une fois.
Mais celui d’Oscar.
Stupéfaite, elle regarda sa manche avachie sur son poignet. Tout comme le Comte qui ne vit rien d’autre que l’absence de pilosité sur ce bras découvert, d’un blanc pur.
 
- Ça y est, il commence à comprendre, mâchonna aimablement André à son amie le brin d’herbe.
 

Furieuse de s’être laissée surprendre la jeune fille bondit comme une lionne, les cliquetis frénétiques des lames emplissant l’air durant plusieurs secondes avant que ne fuse un juron viril : Fersen ne put que considérer sa deuxième manche défunte d’un œil contrarié.
 
- Pas mal, pas mal…Allons, autant se passer définitivement de ce chiffon inutile.
 


Dans ce qui commençait à devenir une habitude le Comte se saisit de sa chemise loqueteuse, et enleva le tout. Cette fois ce fut une portée entière de colombes qui se fracassa contre l’arbre, devant les perfections d’un torse suédois affichant pleinement la  puissance irrésistible de ses dix-huit ans. Sans un regard pour ce carnage aérien dont il se moquait bien,  il joua de son épée en de troublants moulinets tant l’harmonie musculaire était prenante, justement parce qu’on en avait une vue imprenable.
 

Oscar crut qu’elle allait mourir de honte.
A cause d’une violente poussée de chaleur dans ses joues. De tomate elle devenait aubergine, ce qui pour son honneur de Jarjayes ne pouvait s’envisager. Jamais dans la longue lignée de ses ancêtres il n’avait été référé d’une quelconque appartenance à la famille des légumes à sang chaud, il était donc intolérable qu’elle s’illustrât de cette façon. Foutrerie, mais que se passait-il ! Pourquoi restait-elle bouche bée, les yeux ronds, fixés sur un point parfaitement déterminé, et qui n’était pas le visage de cet impudique ? Qui, mais qui avait décrété ces nouvelles règles ? Depuis quand se battait-on torse nu ? De quel droit son cœur, cet impudent, se permettait de cogner à la porte de sa poitrine pour en sortir ? Manquerait plus que cet infâme lui demande de…
 

- Tu devrais en faire autant Oscar, enlève ta chemise ! cria André, pour aider sans doute. Tu es en nage, tu as l’air de t’étouffer ! Dénoue ton col au moins, je t’assure que tu commences à devenir un peu rouge et Monsieur de Fersen risque de te confondre avec un coquelicot.
 

L’index fut nettement plus tremblant.
- Ferme-la André ! Si tu dis encore un mot je n’attends pas, je te tue tout de suite !
- Votre ami a raison vous savez…approuva Fersen qui se posait vraiment beaucoup de questions. Et puis se serait équitable, je n’ai plus de protection, la prochaine fois c’est ma chair que vous déchirerez.
- Mais…mais…balbutia Oscar, prise entre deux feux, trois : le sien, interne, aussi, surtout. Je…en aucune façon je ne ferais cela !! Je ne vous ai rien demandé, vous…vous enlevez ce que vous voulez, et… je n’ai aucune raison d’en faire autant Bon Dieu ! En garde !
 

Ce fut un désastre. En terme de pureté de style la démonstration d’escrime d’Oscar fut un véritable travail de cochon, on crut revivre les grandes heures des tavernes et leurs soudards se battant à coup de tessons de bouteilles. N’importe quoi, les attaques de septime partaient dans tous les sens, les feintes et enveloppements n’enveloppaient rien du tout, les battements de quarte ressemblaient à des coups d’ailes de corbeau. Tant et si bien qu’elle fut rapidement contrainte de se rabattre en défense, reculant, parant comme elle pouvait, jusqu’à buter contre une foutue racine l’envoyant glisser en arrière. Par réflexe Fersen voulut la retenir, se débrouilla comme un cochon en terme de style
lui aussi car où tout un chacun aurait saisi un poignet, ou à défaut une taille lui, prit la première chose à sa portée.
 
Un bruit déchirant conclut l’action, Oscar se retrouvant étalée de tout son long sur le dos. Et la moitié de sa chemise restée dans la main d’un Fersen, en commotion, estourbi, transformé en statue, devant l’adorable empilement de bandes dévoilées.
 
- Vous ? Une…femme ?
 
Malgré une variante, de nouveau la phrase qui noue les intrigues horribles.
 
Oscar ne sur plus quoi dire ni faire, mais Fersen, lui, remplaça avantageusement ce manque de réaction par une suite de mots débridés.
 
- Une…femme ? Vous ?
 
Vraiment horrible.
Le débit s’accéléra tout de même alors qu’il la contemplait.
- Vous-une-femme ? Une-femme-vous ? Mais…c’est…et dire que je m’en doutais depuis tout à l’heure…je n’osais…vous-une-femme…incroyable…ravissante….Mais…alors c’est vous qu’on marie n’est-ce pas ? C’est cela ? C’est cela n’est-ce pas ! Et moi qui…vous…
 
André décida d’intervenir, la phrase horrible commençant à lui pomper sérieusement le bulbe. Il se porta à sa hauteur et lui tapota l’épaule.
 

- Voilà. Très bien, vous avez compris. Formidable. Mais répéter sans cesse la même chose ne va pas foncièrement faire avancer la situation présente, alors remettez-vous et laissez-moi la place, c’est à mon tour de me battre contre cette jeune personne.
 
Le Comte le regarda comme s’il débarquait d’une planète exotique.
- Comment, mais…vous voulez dire que, vous savez que…
- Elle-une-femme ? Oui. A présent écartez-vous, nous avons à faire.
- Mais il ne saurait en être question !
 

D’un pas le jeune suédois fut près d’Oscar ; l’agrippant cette fois de parfaite manière par le poignet il l’arracha fougueusement du sol, malgré des protestations maladroites. La jeune fille ne savait plus où elle en était.
Elle avait perdu.
Et était presque dans les bras d’un homme torse nu.
Quelque chose avait dû lui échapper, mais quand ?
 


Fersen la dévorait des yeux, les baissaient beaucoup à vrai dire, sur l’entortillement n’arrivant pas à masquer le galbe, discret mais très joliment renflé. Comme ne pouvant faire confiance à sa seule vue il délaissa le poignet pour se saisir de la main, constater la finesse des attaches et le délié harmonieux des doigts fuselés. Il les porta soudain ardemment à sa bouche, prenant Oscar de court.
 
- Madame ! clama t-il avec une brusque emphase, je ne suis qu’un misérable d’avoir osé ce duel ! J’ignorais ! Nul ne m’avait dit cet étonnant secret, je…comment imaginer qu’une telle grâce sommeillait sous ses affreuses nippes ? Vous, si belle !
 
La belle reprenait un peu de ses esprits justement, ses airs de tempête surtout. Hormis cette chaleur intérieure intolérable et un trouble plus qu’évident face à une situation inédite, tout était sous contrôle. Enfin à peu près. Car le suédois, lui, s’exaltait de plus en plus.
 
- De telles perfections ! Ce corps, ces jambes, ces yeux ! Mon dieu vous avez des yeux Capitaine, une bouche !
- Oui, et un nez aussi…grommela André dont l’œil devenait de moins en moins limpide en fixant Fersen.
- Votre bouche est un ravissement pour le regard, vous l’a-t-on déjà dit ? Et…et…
 
Oscar faillit rugir voyant l’œil clair reconquérir les territoires interdits, dégagea furieusement sa main pour tant bien que mal rassembler les pans de sa chemise, et les coincer décemment dans sa ceinture. Mais sitôt fait le jeune Comte reconquit le trophée délicat de ses doigts, avec sur le visage ce sourire décidément étrange.
 
- Madame, je…
- Cessez de m’appeler ainsi !! se révolta une Oscar en pleine Berezina, contrainte de reculer devant l’ardeur d’hommages verbaux décousus.
- Vous êtes splendide, je…
- Fermez-la ! Et battons nous, ce duel je ne l’ai pas encore perdu vous entendez, je ne perds JAMAIS !
- Me battre, contre vous ? Je ne peux, face à vos charmes je suis sans défense, je…
- Lâchez ma main, TAISEZ-VOUS !!
- Mon Dieu votre voix m’enivre, je n’ai plus qu’un souhait, entendre sa délicieuse mélodie jusqu’à la fin de mes jours : Capitaine de Jarjayes, voulez-vous m’épouser ?
 
- QUOI !!!
 


Oscar crut bien se retrouver encore à terre, terrassée par la gêne et la fureur. MARIAGE ? Encore ! Cette chose molle, détestable, ce concept inouï, resservi par cet énergumène au torse épouvantable d’attirances ? Jamais, mais jamais !!
Elle n’eut pas le temps de montrer la toute puissance du répertoire de ses jurons fleuris que déjà la main d’André s’abattait sur l’épaule du suédois.
 


- Bien ! Monsieur de Fersen, ce n’est pas que vous devenez ennuyeux, mais un tout petit peu tout de même. Cet intermède champêtre était on ne peut plus charmant, mais je dois à présent me battre à mon tour. Aussi vos propositions de mariage seront pour une autre fois, voulez-vous ! Ecartez-vous.
- Pardon ? Vous laisser vous battre avec ma future femme ? C’est tout à fait impossible ! protesta Fersen que la logique ne gênait plus.
- Allez, allez, mettez-vous là-bas sous cet arbre, on y voit très bien. Poussez-vous.
- Mais en aucune façon !
- J’étais là avant vous, vous ferais-je remarquer. De plus il y a un pari que cette jeune…que votre future femme brûle de gagner, vous voyez que votre insistance va rapidement devenir agaçante. Ecartez-vous.
- Non, je vais prendre sa place, me battre en son nom ! Un fiancé se doit à…
 
Oscar vit rouge, son visage aussi. L’index avait retrouvé toute sa vigueur.
Elle vint effrontément pointer Fersen sous le nez.
 
- Vous ! Sous l’arbre ! Si j’entends encore une fois le mot « fiancé » je vous casse la figure ! Elle tourna des talons et vint sous le nez, splendide, d’André. Toi ! En garde ! Et je t’interdis de donner des ordres à ma place, JE commande !
 


Cette fois il fallait vaincre, coûte que coûte.
Là on ne s’amusait plus, le vent, les feuilles, les oiseaux et tout ce fatras bucolique n’était plus qu’un décors pour l’effroyable hécatombe en devenir. Elle allait se venger. Gagner ! Triompher du mou intolérable, des vexations, des révélations quand à sa condition, tout s’effacerait sous l’image, divine, d’un André à terre demandant grâce l’épée sous la gorge. Avec ces mot sur ses lèvres honnies : « j’ai perdu… ». Elle lui ferait répéter inlassablement, bien après le coucher du soleil. Elle s’en délecterait. Adieu la chaleur, les placards à balais, la honte ! Bonjour la joie de l’avoir à sa main, soumis à ses ordres, silencieux…
 

- Prête Oscar ? Fais attention de ne pas te prendre une racine.
 

Le silence ne lui était pas encore familier à ce rustre ! Elle allait lui apprendre. Elle serra les mâchoires en engageant le combat, indifférente à son cœur battant, ses joues, le nœud désagréable au creux de son ventre. Ce sourire affreux de sûreté, ces deux prunelles d’un vert tendre, amusées, condescendantes ! Tiens, regarde ce qu’elle va te donner la fillette !
Elle entendait vaguement Fersen qui, impuissant, devait se contenter de commenter.
 
- Si jamais vous la blessez vous aurez affaire à moi ! Ma chère Capitaine, ma promise, ne tenez pas votre épée si haut voyons ! Le…mais que faites-vous avec votre poignet ! Plus bas ! Mais non, pas comme ça, votre pied gauche, pensez à le bouger de temps en temps ! Oui…non…mais nooooooon !!!
 
Un, deux, trois coups, dans un éclair son épée vola loin, définitivement. Dans un cri Oscar retint ses larmes de rage face au sourire imperturbable la tenant en joug, et ces mots, terribles : « Tu as perdu… »
 

- NON !!!
 

Ce n’était pas possible ! Tout cela n’était pas vrai, la défaite ne pouvait faire partie de son vocabulaire, NON ! Et pas devant lui, non…
Mais au fait…il lui restait ses poings ! Tant qu’une once de force demeurait, ce n’était pas perdre. Elle se lança en avant, essayant d’atteindre ce sourire d’un uppercut solide, battit l’air…et de nouveau tomba. Mais pas sur une racine.
 
Fersen se précipita aussitôt, tâchant vainement de comprendre comment sa future femme s’était débrouillée : elle sur le corps de ce maroufle, qui riait aux éclats en la tenant pas la taille.
 
- Tu as perdu ! articula André, hilare.
- NON !!! Lâche-moi, tu me fais mal !
- C’est plutôt toi, qui me tombe dessus par traîtrise. Tu devrais avoir honte de cette manœuvre indigne.
- Arrête de te moquer de moi ! Je t’interdis de rire, et lâche-moi !
- Oui, lâchez-la ! jeta Fersen.  Ma future femme ne saurait s’afficher ainsi en public. Se vautrer sur le premier venu…
-  Oh vous, je vous jure que mon poing va s’occuper de vous si vous ne vous taisez pas ! Et toi André, cesse de rire, arrête de me…
 


Un impérieux coup de rein et la situation s’inversa, les mots à jamais coincés au fond de la gorge d’Oscar : il était là cet impudent, penché au-dessus de son visage, ce regard frisant d’insolence et le sourire magnifique. Magnifique ?
 
- Hey, vous ! Arrêtez de vous vautrer sur ma future femme !
 
Elle n’avait plus qu’un tout petit filet de souffle, qui se raréfia encore. Parce qu’André la regarda, la regarda vraiment, qu’il la tenait étroitement comme dans ce placard, mais cette fois à demi allongé sur elle. Que la chaleur se faisait intolérable.
 
- Tu as perdu…
Elle se raidit, lui lança une œillade qu’elle espérait assassine ; en fait une pauvre petite arme de défense sans aucun effet, encore une fois.
Parce que la suite l’acheva sur place. Quand il lui lança soudain, de ce sourire absolument intense et conquérant :
 


- Fillette, épouse-moi.





 
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