6P Designs.Adapted by Rozam

   
 
  V L'Heure bleue
 



   « Comme un frère… »


L’Heure bleue



L’hypnose d’un tracé. Blanc, et pur, taillé par l’éphémère angoisse de l’attente : sa gorge…
Plus précisément, son cou, détourné de lui et de ce qu’il représentait : l’homme odieux et acharné, un être doté d’un sexe, c’est-à dire d’une arme mortelle pour elle.


Pauvre frère, glorieuse femme. Si tu savais comme je te désire et l’ardeur de te posséder, sur-le champ, toute entière malgré tes yeux fermés, tes larmes, tes envies sauvages à t’interdire la moindre défaillance ! Oscar, Oscar…petite fille, amante d’un soir je dois t’apprendre à mourir, oui. Tant pis pour nous, pour après, car tout sera détruit ici, la vie ancienne. Je veux tes baisers. Je te veux, toi. Ton parfum intime partout sur moi.
Fou que je suis…


André se pencha contre la contracture de la mâchoire, chercha le lobe délicat perdu dans toute la mouvance sauvage de ses cheveux :

- De quoi as-tu le plus peur…chuchota t-il chaudement, quelle douleur est la plus insupportable…Celle de tes poignets, ou bien l’autre…au creux de ton ventre, plus bas…Laquelle ?
- Tais…toi ! hacha Oscar le profil aigu. Fais ce que tu veux, vas-y, conduits-toi en chien, tout m’est égal !
- Oh non petite âme…l’animal n’a rien à y faire. C’est un homme qui te regarde et te déshabille déjà des yeux…Pourquoi ce dégoût ? Tu en brûles d’envies…
- M…onstre !

Il approcha sa main, par la simple prescience du recul ardent en réponse, si savoureux, si excitant…
Elle avait peur de lui. Elle, la vaillante. La frêle indifférente le craignait, pas seulement lui, avant tout les caresses infâmes qu’elle s’interdisait depuis toujours.

- Un homme, oui…

Et brusque il se leva, âme troublée ; la peur…il allait éveiller bien autre chose en elle, mais tout de suite c’est de lui-même dont il se défiait. Oscar était tendue toute entière vers lui, même si elle ne le savait encore, et il en perdait l’esprit. Pas d’amour, jamais…Du plaisir, et son goût âcre voilà de quoi détruire ce soldat, puis s’en aller. La laisser femme, pas plus. Alors elle comprendrait, ferait ses choix, mais de choix justement lui en laissait-il ? Comme tous les autres au fond, décidant, la façonnant...Elle, belle ignorante du feu lui tenaillant le ventre, ignorante à savoir le communiquer…
André passa un peu d’eau sur ce visage inconnu, le sien. Ses blessures, les pupilles trop brillantes…il devait ressembler à un animal en effet. Un fauve aux dents démesurées…Il regarda sa proie, attachée…que faisait-il ? Qu’était-il en train de faire à contourner ainsi une des lois immuables de ce monde, la plus fondamentale de toute : la culpabilité. Ce moyeu lévitant des mondes à s’en détruire, le ravage était immense pour tous deux. Et elle…

Il était peut-être temps encore, et lui savait bien que non ; entre eux, cela n’avait jamais été. Trop vite, et mal, le temps avait opéré ses flétrissures, tout était fini depuis bien longtemps.
Trop de temps oui.
A croire s’estimer toujours, la considérer intouchée, et mieux la vénérer…la vie n’était qu’un charnier aux illusions il l’avait toujours su. Et les siennes le dévoraient, d’envies, exactement comme ses entrailles et son cœur à cet instant, il n’était plus maître de rien, juste l’esclave.
Pas de ses instincts, non. D’elle.
Seulement d’elle et de ce corps interdit, seulement de ses soupirs, de ce plaisir si amer qu’il fût, l’espace d’une nuit…

Il y jeta son regard d’ailleurs, par la fenêtre close ; vit la lune acharnée à se cacher d’obscurités, comme elle, sa proie…
Oui, c’est de lui qu’il avait peur, se saisissant des linges. Un animal, elle avait raison.
Le pire de tous : un homme amoureux fou.


Il glissa sur ce mot, l’oublia, aussitôt pensé. L’amour s’absout de mensonges, celui de ne jamais croire l’éprouver étant le plus grand. Il n’en avait cure. Mentir, seul vêtement qui lui convenait.

Quand il approcha elle parut ne plus respirer, regardait ailleurs pour ne pas perdre sa foutue fierté.
De l’eau, encore. Avant le feu…

Elle en fut surprise.

- Qu…que fais-tu !
- Tu es blessée, je te soigne…
- Ne me touche pas ! J…


Elle mordit ses lèvres quand il appliqua le linge contre son épaule ; la torsion avait ravivé le sang, il suintait en fins sanglots sur la pâleur de sa peau, sa gorge…Dieu, ses seins nus…lui arracher ce stupide amas de tissu pour les embrasser, à s’en damner…
André tenta de détourner les yeux, se concentra sur sa souffrance à elle à défaut de la sienne, bien trop délicieuse. Tuer l’homme, qu’elle la quémande, la supplie et l’appelle, cette résurrection…cette femme nouvelle ; quand lui essayait de s’abstraire de sa propre nudité qui déjà se tendait, bien trop, rien qu’à la sentir liée de force, quelle importance…
Soumise.
Consciencieusement sa main exécuta sa tâche, sans dévier, et tendre. Quand lui allait se faire si cruel. Peut-être.

Il nettoya la plaie peu profonde. Son cœur battait à tout rompre, il le sentait même à travers le linge.

- As-tu peur ?

Dis-le, mais pourquoi ne l’avoues-tu pas…

- Cela te ferait plaisir, espèce de chien ! Je n’ai peur de rien, ni de toi !
- Chien je le suis oui, au fond tu as raison…, répliqua t-il d’une voix rêveuse. Fidèle parmi ces absents que tu affectionnes, de ceux qui t’obéissent sans geste. Mais pas de caresse pour moi, jamais, n’est-ce pas ? Jamais de regards, jamais de tendresse. Moins qu’un chien, tu vois…
- Tu es…tu es ignoble ! Je n’ai…jamais fait ça. Tu étais…mon…
- « Frère » ? rit-il brièvement. Oui même pire : ton ami ; un nom plus doux pour masquer la fadeur écœurante. A vomir, Oscar. Regarde-moi bon dieu !

Soudain il rejeta ce qu’il tenait et l’agrippa à la taille, durement, la ramena contre sa hanche nue.


- Ca Oscar, regarde notre réalité !

Elle se révulsa à sentir le membre raidi et plus que tout l’intention, de le souder à elle.

- Crie donc ! Vas-y appelle, hurle ta rage et ta peur ! Qu’elle prenne forme enfin, si tu l’oses !

Il s’appesantit à la juste limite de ce qu’elle pouvait supporter, plaqua ses lèvres contre le lobe incertain.

- Alors, qu’éprouves-tu à être bientôt nue toi aussi, bientôt contre ce que tu rejettes si férocement sentir en ce moment même. Oui, nue contre mon sexe, Oscar ! Que ressens-tu à l’instant de te faire caresser, embrasser. Et pas tes lèvres car je me fous de ta bouche et de tes gémissements, non, ta peau même et le sang qui y palpite jusqu’à l’évanouissement voilà ce que je veux ; toi qui voudrais fuir comme tu le fais toujours, voilà ce que je vais entraver. Tes seins, qu’éprouveront-ils lorsque je vais les toucher ?

Sans plus hésiter, il se saisit à tâtons du nœud étroit et tira, sans soins, à la faire se tordre d’impuissance et d’affolement.

- Arrête André, arrête, je t’en prie ! Je t’en supplie laisse-moi ! …aie pitié…ne…


Il empoigna violemment les bandages, pour les distendre, et se figea sous le sanglot sec qui les gonfla. Aucun regard pour la chair tendre qui émergeait, qu’il devina…Tout entier concentré sur cette tempe mousseuse moite d’angoisse, sur cette joue si lisse et juvénile en son fin duvet, si douce en son désespoir…

- Ma bonté, Oscar ? C’est bien de cela dont il s’agit ? Ma clémence face…à ta peur ?
- P…pourquoi…fais-tu ça…souffla t-elle, à bout de force parce qu’au bord de vraies larmes.
- Parce que tu dois savoir. Parce que quelqu’un doit te le dire, enfin, ce qu’est le désir d’une femme…
- J…mais je ne veux…pas…Je ne veux pas…de tout ça…je ne peux p…
- Parce que tu crois être faite de pierre et de glace, c’est cela ? murmura t-il. Parce que tu crois ne rien pouvoir ressentir si je pose mes lèvres sur ta joue, contre la tension de ton cou, que je m’enfouisse dans ta chaleur Oscar, crois-tu ne rien éprouver…
- D…du dé…goût…, se força t-elle à répliquer, farouche.
- Vraiment ? Alors dis-le moi encore…gronda t-il comme un jeune loup, perdant définitivement pied à se coula contre elle.
L’enserrant de ses bras pour la réchauffer, cette Douce dont le gémissement suffit à traduire et le rejet et la crainte, d’elle-même bien sûr, de réagir ainsi à ce contact charnel.
Sur sa joue, dans son cou oui…d’effleurements languides, impatients et volatiles, la respirant. Contre son épaule meurtrie puis son bras révélé, et sa chemise écartée, toujours plus.


- Aie…pitié, André…gémit-elle.


Pleurant. Lorsqu’il saisit justement une de ses manches, au poignet et sans aucune hésitation tira le tissu de ses deux mains. Un bruit si banal, inconnu de tous parmi cette demeure immense, démesuré, à sa propre oreille.

- Je t’en prie…sanglota t-elle, les yeux fermés très fort, à cause de sa chemise déchirée glissée au sol, tel un petit cadavre disloqué à l’image de leur amitié passée ; à nouveau contre l’entrave de ses bras : des caresses sur sa peau nue, des baisers, des mots. Odieux. Parce que très doux.
- Ne me prie pas Oscar…dis-moi seulement que je te dégoûte, juste cela. Et je m’arrête. Dis-moi que tu ne ressens rien. Pas plus que cela, qu’il n’y a aucun désir en toi, à cette seconde…

Les yeux d’Oscar s’ouvrirent, regardèrent loin pour y puiser un soutien mais tout se délitait, sous cette bouche perfide qui doucement captait l’eau de ses joues.
Ses paupières papillonnèrent à ne plus rien voir du fier soldat occupant habituellement ses horizons vagues.

- Je te dégoûte… ? alors, dis-le moi…

Sanglotant de ne pouvoir plus le faire, balbutiante de sons tombant dans l’oubli, muette… ; liée oui, par cette sanguine force que fut l’ultime murmure à la commissure de ses lèvres.

- Vite, Oscar…Dis-moi ta révolte, et ta peur…ou ta haine, quand je vais te faire…souffrir. La seule que tu ne connaisses pas encore, la seule torture qui vaille, en ce bas monde. Ne me prie plus. Supplie-moi, si tu le peux…


Pas de cris, plus de temps filant contre les draps de ce lit, aucune pensée. La sensation seule, horrible.
Sans aucune griffe ni poison à lui lancer, des sons inaudibles à leur place. Sa peur, oui. Incandescente et tenace l’empoignant aux tripes, les mettant hors d’elle, au bord de sa bouche à voir celle d’un homme venir au-dessus de l’amas barrant sa poitrine. Parmi lequel la pointe d’un sein apparut, délicate, quand il finit le funeste travail de tout à l’heure ; les bandages malmenés écartés indécemment,…tous.
Pleurant de rage car sans ses poings, pour soustraire ses petits seins nus à ce premier baiser d’homme.

- Ignoble…sois maudit…s’entendit-elle gémir d’une voix qu’elle ne reconnut plus.


Ravagée par le tout petit souffle qui vint à la place de l’enfer d’un contact réel.

Les yeux rougis de fièvre elle l’aperçut figé dans un sourire, à quelques centimètres à peine du fruit insolemment tendu. Ses cheveux sombres la frôlant, mais de sa bouche, point…
Ne plus respirer, jamais, jamais. Quand lui souffla encore sur le bourgeon à peine éclos. Avant de la défier, d’un coup d’œil assassin de charme.

- Alors…Oscar ? Rien, vraiment. Aucune sensation ne traverse ton auguste anatomie…mmh ?

Le jeune homme pleinement satisfait, avança ses doigts et fit mine de le saisir, suspendit l’élan ; les yeux plantés sur son visage.
Oscar…diablesse innocente, tu me rends fou, le sauras-tu seulement…


- Est-ce du dégoût que je perçois sous ta peau…continua t-il, laissant sa main nerveuse dessiner le galbe du sein sans jamais le toucher, à ce point pénible de voir ton « frère » honorer ta poitrine…masculine, de cette manière. Lorsque je contourne ce tracé plein, et que je m’arrête, là…sur cette deuxième pointe intensément attirante…sucrée sans doute…peut-être…que déjà ma langue imagine dans sa plus infime intimité, à quel point est-ce ignoble…Oscar ?

Il retira sa main quand le premier véritable soupir l’agita, au bord de la rupture des sens qu’elle était ; pour que ne puisse venir aucune chair dans sa paume.
Contre la petite pointe rosée encore à presque la saisir, entre ses deux doigts, mimant un froissement érotique. Sans la perdre des yeux.

- Du dégoût…est-ce ainsi qu’il faut qualifier le feu qui s’allume dans tes prunelles…ce besoin qui te noue la gorge à regarder ma main. Quand je la laisse aller, tout autour de ce petit bout de chair excité, sur la fermeté de ton sein…

Exsangue, elle le regardait de ce bleu halluciné, brumeux d’envies que son mental refusait d’exprimer.
Ses petites dents affleurant ses lèvres et les mordre, comme elle rêvait de les planter jusqu’au sang dans son charme de démon sans doute.
Sa main dévia, suivie de près par son visage.
Le ventre si chaud, lisse…

- Tu ne dis plus rien, tu soupires…Et tes larmes…quand ici, se concentrent toutes les misères et splendeurs des animaux que nous sommes. Animal…comme ce qui te secoue, ici oui…

Il effleura de son sourire le tissu des culottes, bras coulant tout autour de ses jambes inertes ; et vaincues. Comme elle ? Il espérait bien que non.
Défends-toi encore un peu chère âme, avant que je ne perde toutes mes forces, pour toi.


- Tu saignes Oscar…tu as mordu ta lèvre et tu saignes, tu ne t’en rends même plus compte. Tu t’es battue ce soir, tu croyais les abattre ces soudards n’est-ce pas, et cette délicieuse sensation de domination, qu’en est-il à présent ? Que te restera t-il quand je vais, négligemment, défaire ces boutons un à un. Le désires-tu…ou non, parle-le moi pour une nuit, pour jamais, dis-moi ce que tu veux et je t’exauce, et je m’en vais ; ou je continue…


Un instant il revint sur son ventre, brisé de souffles, contempla son visage absent ; loin de lui, pour s’abstraire de l’évidence et du trouble, du rejet plutôt, de ce qu’elle voulait et ne pouvait éprouver. Avoir le droit : là était Oscar, toute entière.
Incroyablement brûlante à travers le tissu il percevait tous les signes subtils, ce parfum, dieu…
Sa bouche se posa sur le bouton de nacre, le dernier, elle se tendit comme jamais.

- Ce désir animal, tu l’as toi aussi Oscar…


Elle n’entendit rien, seule la décharge des mots presque à même la naissance de son sexe toujours voilé la rejeta en arrière.
Car la lutte demeurait.

- S…s…ois…maudit…

…mais ce faisant commença la danse, lascive et lente, de son bassin devenu vivant. Les boutons effleurèrent ses lèvres, plusieurs fois, ces dernières comme soudées au tissu blanc en une caresse floue. A chaque fois, de plus en plus précise et elle, bien plus faible…
D’un coup de rein il la reprit contre lui, au creux de ses bras où son poitrail broya tendrement ses seins nus.
Au dessus de sa bouche.


- Maudit, est-ce ce que tu veux de moi ?


Elle aurait voulu répondre, sans l’ombre d’un doute, aucun mot ne pouvait rendre l’angoisse absolument désirée d’être fracturée, lentement. Déboutonnée, telle qu’il avait dit.


- L…laisse-moi…scanda t-elle en détournant brusquement la tête, cachant son visage dans son bras.

Et cela ne voulut pas dire « va t-en », non, ni de malédiction aucune, mais simplement un « ne me regarde pas » furtif tandis qu’elle laissait la faille de ses blessures la gagner.
André le comprit parfaitement, continua, implacable d’entrelacements d’audace et de tendresses, fraya peu à peu ses doigts en ce passage trouble.

- Quand tu étais inconsciente, que tu prétendais l’être…souffla encore André, perdu lui aussi dans la sensation terrible de l’ouvrir au monde, quand tu étais inconsciente tu avais cette même voix, ces gestes…quand je t’ai touchée, et étreinte ici, là où ma main me guide…tu avais ces gestes, identiques. Te rappelles-tu… ?...

La pulpe d’un doigt se coula dans une douce anarchie, l’entrouvrit, l’éprouva et tint bon enfin quand une de ses jambes voulut se fermer violemment en protection, aussitôt rouverte, ses cuisses ne sachant plus que faire pour maîtriser l’impossible. La violence qui la prit, de vouloir mieux ressentir le mouvement infime, en cette imperceptible et savoureuse découverte.
Elle mordit l’intérieur de son bras, honteuse, et avide.

Les doigts écartaient, excitèrent à peine jusqu’à la hantise pure que tout cela s’arrêtât, contre cela elle se rebellait bien sûr, à devenir dépendante en cachant son déshonneur. Et son plaisir…


- Le même. Le même besoin me tenaille les reins, Oscar. Regarde-moi…



Elle fit non de la tête ; cassée de voluptés invisibles, toute entière vers l’indécence faisant son œuvre caressante elle l’oubliait, lui, juste son corps noyé l’occupait. Qu’elle voulait sauver si cela était encore possible, tenta de se dégager…et hoqueta son désespoir de remettre son intimité sous l’emprise du rythme doux, des phalanges inquisitrices, et savantes, qui s’attardaient sur les pires raffinements jamais éprouvés.

- Est-ce ignoble ? répéta André, lui aussi à bout de souffle à presque plus de distance de sa joue.

Ses doigts épousaient les parois humides, jouaient de leur fragilité, appuyèrent soudain d’une science infernale contre la sensibilité chauffée à blanc.
La souffrance du plaisir…d’une même voix, égale douloureuse, elle fit corps avec la merveilleuse torture qu’elle n’avait su imaginer.

André baisa doucement le cou lacéré de complaintes, très peu, attisant juste son cœur revenu là. La veine, si bleue et fragile, comme cette heure volée de tous. Ivre, lui aussi, par ses cris sourds…

- Oscar, Oscar…balbutia t-il en s’empêchant de fondre de toute sa nudité sur elle. Comprends-tu maintenant… Soumise, non pas à moi car cela, jamais. A ce bien-être insoutenable seulement, ce désordre que j’attise contre tes lèvres intimes, celles que personnes sinon moi ne touchera…


Dans un halo confus il observa sa propre main bougeant le tissu mais ne révélant rien de sa nudité, à elle…Encore plus terrible, de la deviner enfouie mouillant ses doigts de désir inavoué ; il était fou, oui.
Comme plus tôt, repoussant le vêtement il ne put s’empêcher de le saisir à pleine paume ce sexe de femme, malgré la terrible secousse qu’il causa.
Consciente, luttant encore, les yeux bleus foudroyèrent l’obscurité et la voix devenue aiguë le damna, encore et encore.


Une décharge intolérable tendit sa verge, lui fit si mal qu’il mit plusieurs secondes à se rendre compte l’avoir lâchée, brusque, pour fébrilement venir lui délier les mains.
Il batailla avec les cordons tant il tremblait, la regarda s’abandonner, haletante et transie de soupirs, les yeux clos. Comme inerte et brisée.
André se pencha, urgent, contre sa bouche agonisante de plaisirs inassouvis mais resta là, sans plus pouvoir bouger, souffle aussi court que le sien. Quasi nue, sous lui, telle qu’il l’avait maintes fois désirée…Atroce que cette douleur, l’appel orgiaque de la compléter sans plus de façon et l’offrir, vierge païenne, au souffre de sa jouissance. La rendre sexuée, à son tour, jusqu’ aux moindres fibres de son corps.


S’il avait pu voir ses propres yeux, même lui aurait prit peur. De ce baiser de fauve, également, en suspend.
Mais de cette passion béante il se détourna, s’enferma dans la réconfortante mortification qu’il s’imposait.
Brutal il se mit sur le flanc, dos à elle, masse recroquevillée sur son membre tendu à outrance.

- Maintenant, tu sais, jeta t-il d’une méchanceté sans limite, si ce n’était celle de son désespoir.
Tu connais ces prémices putrides, les plaisirs d’animaux que tu rejetais de toute ta splendeur morale. Cette heure était la mienne, je n’en ai jamais voulu d’autre. La suivante est à toi. Ou au sommeil, à l’oubli et même au meurtre si c’est ce que tu veux. Tue-moi. L’arme est encore chaude de ton mépris, je ne bougerai pas d’ici l’aube.


André enfouit sa main dans ses cheveux, cacha son visage à son tour dans la pause faussement contrite, fœtale.



- Choisis, Oscar…soupira t-il, plus sûr qu’elle ne l’entendît, des larmes rouges dansant devant ses yeux. Fais ce que tu veux, mais…fais-le vite. Je t’en supplie…







A SUIVRE…





 
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