6P Designs.Adapted by Rozam

   
 
  Opus III
 

Opus III
 
 



Les images pulsaient mes yeux injectés : la tendresse quasi filiale avec laquelle j’avais choisi mes Apéricubes le matin même, et cette dévotion, oui, cette dévotion au moment d’extraire le pot de cornichons des rayonnages du supermaché. Mon cœur en battait encore d’émotion.
La texture lisse du verre sous mes doigts, son étiquette vert printemps si confiante à livrer tous ses secrets…  « cornichons croquants extra-fins, aux aromates »…
 
Et à présent, éventré et vidé de toute substance, par cette animalité pétrie de violence, outragé, sali, avili par les mains impures, l’ouvrant, le retournant, le…
La vision me donna la nausée, autant qu’elle me galvanisa  
Ma lèvre tremblante se retroussa et ma main, veinée de bleu, éprouva la peau moite et rêche du saucisson.
 
Vengeance…
 
Tuer, tuer…
J’étais l’Ange exterminateur, le bras armé d’une guerre séculaire : jusqu’à quand ce silence assourdissant engourdirait les consciences, combien de pots de cornichons, offerts ainsi aux appétits les plus vils dussent encore subir de tels ravages ? Ma violence était légitime, j’en fus certain. Je regrettais seulement n’avoir pas choisi la saucisse sèche Justin Bridou : quand y’en a plus, y’en a encore, mon ivresse n’en aurait été que plus grande à châtier les assassins dansant sous mon toit.
Mais qu’importe, moi et le pur porc éprouvâmes soudain des solidarités viriles que nulle ne pourra jamais comprendre. Nous ne faisions qu’un.
 
J’avançais.
 
 
Les imbéciles…
Ils se trémoussaient toujours, imbus de leurs turpitudes ces larves beuglantes gavées de techtonik et d’amuses-bouches, MES amuses-bouches, LES MIENNES !
Comment avez-vous osé espèce de bandes de putes ! Je vous ai tout offert, tout ! Je vous ai ouvert ma porte, j’aurais donné ma moelle épinière pour vous ! Et vous, vous…
 
Sur le seuil du salon qui à présent me faisait horreur, je vis cette masse de cons sautant sur place au son des Destiny’s Child : et en plus ils avaient des goûts de…
 
De manière inexplicable la furie monta d’un cran.
J’allais faire un pas et commencer mon sinistre ouvrage quand mon téléphone mode vibreur m’agita le pantalon. Que…
Maman…
De précieuses secondes l’humanité me reconquis, un peu, le temps de voir défiler ma vie. Maman…qu’éprouverait-elle en lisant les manchettes des journaux, demain ? Me voyant dans la rubrique faits divers quand elle ne rêvait que de  « Beau,  Riche, et Célèbre » dans Voici ? Avais-je le droit de sacrifier sur l’autel de la barbarie les ambitions d’une mère phallique ?
 
Le saucisson parut se durcir dans ma paume humide, m’apportant la réponse.
 
On ne m’avait pas élevé en lâche.
Le Mal me possédait, j’étais perdu, je le savais.
Les vibrations cessèrent.
 
Soit, la tuerie serait.
 
Mais par respect pour cette mère valeureuse je consentis à contenir encore un temps ma sauvagerie primale et lâchais le cri trop longtemps contenu, le cri d’un homme bafoué, humilié et blessé, ce cri guttural de bête affamée de sang :
 
- QUI A CHOURRE MES CORNICHONS, BORDEL !! hurlais-je à m’en briser les poumons.
 
Pour toute réponse, l’indifférence.
Tam, tam…technonik-powa…tam…
 
Satan, Satan ils ne savent pas ce qu’ils font
 
Je n’avais plus rien d’humain, il était 0h51, et mon appartement allait devenir le théâtre d’une monstruosité sans nom.
Mon saucisson et moi nous regardâmes. J’avais confiance. J’étais en paix.
 
Puis le noir de mon regard de fou se porta sur une petite brune, là-bas, pas très loin. Elle était de dos, à moitié nue. Petite s….C’est toi hein, c’est toi qui a entraîné les autres…
 
Je levais le bras comme un damné, les reins en feu, sans plus réfléchir, je…
 
 
A SUIVRE





 
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