6P Designs.Adapted by Rozam

   
 
  Opus II
 


Opus II
 



Je savais qu’il fallait faire quelque chose : cligner les yeux, fermer la bouche ou me remettre à respirer, même dans un ordre différent, mais impossible.

Rien.
 
Trop épouvanté je n’arrivais pas, le cerveau engourdi par la hantise me montant au creux des reins.
Cette putain de porte de frigo ouvert, le néon, la blonde traînant sur le carrelage, tout se diluait sous l’ignoble image que me renvoyait mon regard imbibé.
 
Ce n’était pas possible, pas sous mon toit.
 
Pas dans cet appartement fraîchement repeint sentant encore l’O’Cédar saveur agrumes, pas dans ce quartier pour bobos en mal de célébrité, pas…
 
…pas cette…
 
Ignominie.  
 
Dans ma vie où tout se plaçait à merveille, les maîtresses, l’argent et même un abonnement gratuit à Psychologie magazine, où mon téléphone cellulaire dernier cri bloquait les appels de ma mère à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.
Où j’avais tout pour être heureux jusqu’à 0h36, avant que tout ne sombre dans la furie la plus barbare.
 
Pas ici, pas à moi …
Ignominie
Hantise…
 
Satan
Titubant je me mis à balbutier, ivre de répulsion.
 
- Qu…qui…qui a fait…ça…pourquoi…qu…
 
Ces interrogations les plus intimes ne changèrent un iota au chaos menaçant ma raison ; seule l’insoutenable constatation broyait mes sens, jusqu’à la folie :
 
Là, bien en évidence sur la deuxième grille solitaire du frigo, mon pot de cornichons Maille était ouvert.
 
Vide.
 
Quelques oignons surnageaient encore mais le couvercle, retourné, traînant non loin témoignait à lui seul de la sauvagerie de l’attaque.
 
Je me sentais perdre pied, la bouche malade de bégaiements pâteux tandis que mon cerveau, lui, commençait sa descente en enfer. 
 
Dans la pièce voisine, un de ceux que je considérais il y a peu encore comme un ami fidèle et dévoué, avait commis l’épouvantable outrage que je contemplais.
Pire, profitant de mes bontés et mes naïvetés quelqu’un, ou quelqu’une, s’était glissé ici pour violenter et outrager un jeune pot qui ne lui avait rien fait.
 
Mes globes oculaires se révulsèrent sous le brusque et insoutenable soupçon : et s’ils s’étaient  mis à plusieurs ? L’abjection pouvait-elle être à ce prix ? Réchauffais-je sans le savoir une horde de goule/mort-vivant/putasse(s) en mon sein ?
Mais alors pourquoi les oignons…pour mieux m’humilier sans doute ? Je les comptais….deux, six…sept…Il y avait un message kabbalistique, certainement, merde,  lequel…huit…non déjà fait, sept…
 
Me faisait-on comprendre à quel point le sadisme mondain ne connaît aucune limite ?
 
Je n’avais rien prémédité, non.
Mais je savais que cela montait. C’était en marche.
 
Ce fut la goutte de sueur dévalant mon front qui déclencha tout, au fond.
Elle me ramena au sordide, à cette soif inextinguible de vengeance bestiale qui était mienne depuis quelques secondes sans même m’en apercevoir.
Je ne me sentais plus de choix.
 
Vengeance
Cornichons…
 
J’étais une force, une masse d’hormones nourries de stupres, la mécanique parfaitement huilée première pression à froid devant la nécessité légitime du châtiment. Le crime appelle le crime : dent pour dent, l’œil de Caïn, le mollet de Judas, la moustache de...
 
Je n’étais plus moi-même.
Tuer. Tuer était ma seule obsession. Venger l’innocent…
 
Vengeance
Cornichons…
 
Sans réfléchir je me saisis d’un saucisson pur porc et, d’un pas lourd, me dirigeais vers le salon…




 A SUIVRE....
 
 
 
 
 
 
 
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